Les rencontres et les débats continuent de s'organiser à Béjaïa en marge des marches qui maintiennent en vie le mouvement populaire. Des collectifs citoyens tentent de s'organiser et d'organiser le débat pour accompagner le mouvement qui a besoin d'une meilleure visibilité. C'est ce qu'essayent de faire des représentants de plusieurs syndicats autonomes et de partis politiques, qui appellent à engager un processus d'auto-organisation à divers niveaux de la société. D'aucuns déplorent les atermoiements du pouvoir et ses manoeuvres visant à faire échouer la révolution citoyenne. «Au lieu que le pouvoir en place réponde favorablement aux préoccupations du mouvement populaire qui revendique d'une manière pacifique et d'essence démocratique et sociale, il tergiverse par des moyens de l'Etat (médias, presse), des personnages préfabriqués dans toutes les corporations économiques, sociales et juridiques qu'ils surnomment activistes politiques dans leurs missions principales de créer une opinion dans le but de semer une confusion et une diversion qui rentre dans le cadre de la déconstruction du processus révolutionnaire», écrit le collectif dans sa dernière déclaration publique. Cette initiative a été lancée il y a quelques semaines sous l'égide du Comité de solidarité aux travailleurs, qui active depuis quelques années dans la wilaya. La situation politique du pays a contribué à l'élargissement de la composante de ce groupe de militants. De nombreux syndicalistes, dont les représentants de 9 syndicats (Cnapeste, Unpef, Cela, Satef, SNTPostiers, Sntfp, Snapap, Snpp, Sap) y émargent aux côtés des représentants des trois partis politiques, PT, PST et Jil Jadid. L'option à laquelle le pouvoir s'accroche pour une «sortie de crise» reste rejetée. Elle est pour ce collectif à prédominance syndicaliste une «présidentialisation démocratique» qui ne saurait «être une réponse à la situation parce qu'elle ne représente pas la diversité politique et aucune personne n'a la capacité de la représentation de la pluralité». L'élection programmée pour le 4 juillet prend le contresens de la revendication populaire du changement du système que le collectif considère être «en putréfaction». «Nous ne pouvons faire fi de la politique prônée par des millions de marcheurs durant la semaine et chaque vendredi à travers le territoire national pour un changement radical d'un système qui a mis les institutions de l'Etat en déliquescence», écrit le collectif d'une douzaine de sigles syndicaux et partisans, qui dénonce la répression que le pouvoir réserve aux militants, dont certains sont des détenus politiques et d'opinion. En appelant à «approfondir» l'auto-organisation, qui est amorcée, ce collectif encourage aussi les concitoyens à prendre en charge par eux-mêmes les résolutions qui en sortiront «sans la médiation ni de l'Etat ni des professionnels de la représentation», convaincus que c'est là le moyen de pérenniser le mouvement et de le faire aboutir.