Le chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prévenu vendredi que toute guerre contre l'Iran affecterait l'ensemble du Moyen-Orient. La sortie médiatique du chef du Hzebollah intervient à un moment où les tensions sont très fortes entre Washington et Téhéran. «Trump, son administration et ses services de renseignement savent très bien que toute guerre contre l'Iran ne restera pas confinée aux frontières de l'Iran», a mis en garde Hassan Nasrallah. «Toute guerre contre l'Iran signifiera que toute la région s'embrasera. Et toutes les forces américaines et intérêts américains pourront être touchés», a ajouté le chef du mouvement soutenu par l'Iran, lors d'un discours télévisé. Le discours de Hassan Nasrallah peut être considéré également comme une réponse au roi Salmane d'Arabie Saoudite, qui s'était livré le même jour à une violente charge contre l'Iran devant ses pairs de la Ligue arabe, réunis en sommet extraordinaire dans la ville sainte de La Mecque. Le souverain saoudien, qui cherche à monter les Arabes contre son grand rival chiite, a reproché à ce dernier d'avoir saboté des navires à l'entrée du Golfe et attaqué des installations pétrolières saoudiennes. Il l'a accusé aussi de s'être ingéré dans les affaires de ses voisins et de constituer une menace sur l'approvisionnement en pétrole du marché mondial. Dans la foulée, le roi Salmane a appelé ses partenaires du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à se dresser ensemble, en dépit de leurs divisions, contre les «actions criminelles» de l'Iran. «L'absence d'une réaction ferme et dissuasive face aux actes de sabotage de l'Iran dans la région l'a encouragé à les poursuivre et à les accentuer comme on le constate aujourd'hui. Les récents actes criminels nous obligent à agir avec sérieux pour préserver la sécurité et les acquis du CCG», a affirmé le souverain saoudien. «Crime historique» Dans son allocution, Hassan Nasrallah s'en est également pris au plan de paix proposé par les Etats-Unis pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, que Donald Trump a qualifié d'«accord du siècle». «Notre devoir est de nous opposer à ‘‘l'accord du siècle''», déjà rejeté par les Palestiniens, a lancé le chef du Hezbollah. «C'est un accord vide (…), un crime historique.» C'est le gendre et conseiller du président américain, Jared Kushner, qui a ébauché le plan de paix longuement attendu. Ses aspects économiques doivent être présentés fin juin, lors d'une conférence à Bahreïn, ses éléments politiques restant pour l'instant inconnus. Jared Kushner avait confirmé début mai que «l'accord ultime» ne devrait pas faire référence aux «deux Etats», pourtant au cœur de la diplomatie mondiale depuis des années. Autrement dit, la Maison-Blanche veut tuer le projet de création d'un Etat palestinien. Les Nations unies ont annoncé vendredi qu'elles ne prendraient pas part à la conférence de Manama. Les dirigeants palestiniens, eux non plus, ne feront pas le déplacement, estimant que Washington n'est pas un interlocuteur crédible à cause de son soutien sans faille à l'Etat hébreu. Le processus de paix israélo-palestinien est au point mort depuis 2014. Et les dirigeants palestiniens boycottent l'administration Trump depuis qu'elle a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël en décembre 2017.