La société civile s'unit et se prépare à lancer officiellement son initiative de sortie de crise. Trois mouvements se sont, en effet, mis d'accord pour organiser une première conférence devant donner naissance à une proposition portée par un peu plus d'une cinquantaine d'organisations et de syndicats autonomes, représentants divers secteurs et différents courants. Il s'agit de trois collectifs (la Confédération des syndicats algériens, le Forum civil pour le changement et le Collectif de la société civile pour une transition démocratique). Ces derniers ont tenu, samedi dernier, une troisième réunion, à l'issue de laquelle les participants se sont mis d'accord sur la tenue, le 15 juin, de la première conférence de la société civile. «Consciente de l'importance de son rôle en tant qu'acteur pour la concrétisation des revendications du mouvement populaire, la société civile appelle l'ensemble des forces actives à soutenir son initiative et à tout faire pour sa réussite», lit-on dans un communiqué de la société civile rendu public hier. Afin de préparer le document qui sera soumis à l'approbation de la conférence, une commission a été installée. C'est elle qui se chargera de la rédaction de la mouture finale de l'initiative de la société civile. En plus de la préparation de cette conférence, les représentants des trois collectifs mettent l'accent sur l'importance d'activer la mise en place d'«une transition démocratique souple qui consacrera la rupture avec le système dictatorial et corrompu en mettant un terme aux mascarades des fraudes électorales afin d'entamer l'édification d'institutions légitimes et crédibles». Pour un dialogue responsableLes signataires de ce communiqué réaffirment aussi leur attachement à l'ouverture d'«un dialogue responsable, sérieux et rationnel comme moyen permettant la résolution de la crise actuelle», mais sans les «3B». Ces derniers, lit-on dans ce document, doivent partir en réponse aux exigences du mouvement populaire. La société civile réclame aussi la mise en œuvre des articles 7 et 8 de la Constitution et exige la levée de toutes les restrictions sur le mouvement populaire pacifique, ainsi que sur les espaces politique et associatif. Les représentants de la société civile exigent aussi le respect de la liberté de la presse pour qu'elle puisse exercer ses missions loin de toute pression, des menaces ou des orientations ainsi que la cessation des arrestations et des poursuites judiciaires à l'encontre des activistes et des participants aux marches du mouvement populaire. «L'initiative de la société civile traduit les aspirations du mouvement populaire et ses revendications», précise-t-on dans ce communiqué. Les trois collectifs, faut-il le souligner, représentent de larges couches de la société algérienne. Ils sont composés de syndicats et d'organisations les plus actifs sur la scène nationale, en dépit de la répression et des entraves du pouvoir. En effet, le premier collectif est formé par la Confédération des syndicats algériens (CSA). Cette dernière regroupe en son sein l'ensemble des syndicats autonomes les plus représentatifs de tous les secteurs d'activité, notamment l'éducation nationale et la santé publique. Le deuxième collectif est celui de la société civile pour une transition démocratique. Ce dernier s'est formé autour d'une trentaine d'associations et d'ONG nationales, dont RAJ et la LADDH. Ces organisations accompagnent aussi le mouvement populaire depuis le début. Un engagement qui s'ajoute à leurs activités quotidiennes pour la défense des droits de l'homme, des libertés et de la démocratie. D'autres associations et organisations spécialisées dans différents domaines en relation avec les droits humains et professionnels se sont aussi organisées et ont rejoint ce mouvement pour participer à l'effort collectif visant à trouver une solution à la crise actuelle. Le pouvoir voudra-t-il enfin entendre un autre son de cloche et accepter des solutions émanant de mouvements représentatifs et sérieux ?