Aucune proposition n'a été faite pour régler le problème de l'oisiveté de la plupart des jeunes de la cité. Le quotidien des habitants de la cité Nezar Cherif, dans la commune de Mahelma, se résume au chômage et aux désagréments causés par les nombreux chantiers lancés dans le voisinage. « De grands projets sont en cours de réalisation, mais rien ne nous est parvenu hormis la poussière et le tapage », se désole un jeune résidant, au chômage depuis plus de trois ans. Il y a pr è s d'un mois, les habitants de cette agglomération urbaine ont bloqué la route pour exprimer leur colère au sujet des dommages causés par les poids lourds qui traversent leur cité pour décharger, dans les parages, des tonnes de détritus générés par les travaux de réalisation de la technopole de Sidi Abdellah. « Les camions ont endommagé les réseaux AEP, abîmé la route et rendu la vie des habitants insupportable », se plaignent-ils. Suite à cette action de protestation, « le maire a finalement décidé d'interdire le passage des camions, de colmater les fuites d'eau, comme il a pris l'initiative de réparer l'éclairage public », raconte un fonctionnaire à la retraite, ajoutant que « la Seaal et l'Epic Erma sont à pied d'œuvre mais les travaux ne sont toujours pas achevés ». Toutefois, aucune proposition n'a été faite pour régler le problème de l'oisiveté qui frappe la plupart des jeunes de la cité. « C'est injuste, seuls les habitants de Rahmania sont embauchés chez les Coréens - projet de la technopole », dénonce un de nos interlocuteurs. « Alors que Rahmania bénéficie des postes d'emplois, notre cité a été choisie pour accueillir la décharge d'ordures et détritus du chantier », dénoncent-il. Ainsi, ce qui suscite la colère des résidants de cette cité, située à mi-chemin entre Rahmania et Mahelma, est cette tendance à les marginaliser à chaque fois qu'un projet est lancé. « J'ai travaillé comme agent de sécurité durant une année chez les Chinois au niveau du site AADL. Après une année, j'ai été licencié et remplacé par une autre personne venue de l'intérieur du pays », raconte un autre jeune chômeur. Interpellé à maintes reprises, « le maire ne cessait de promettre de nous embaucher une fois le projet du chemin de fer entamé, hélas, lui-même ignore la date du lancement des travaux », dira un citoyen. Outre le chômage, les habitants de Nezar Cherif assistent à des centaines de logements réalisés sans pouvoir en bénéficier. « Sur les 84 logements de l'OPGI distribués l'année passée, une infime partie a été attribuée aux habitants de Mahelma, quant aux 2 000 unités AADL, presque achevées, elles sont toutes destinées à des étrangers », indiquent-ils. Pourtant, plusieurs dizaines de baraques bidonvilles côtoient le nouveau site d'habitation et leurs occupants, originaires de la commune, ont déposé en vain des dossiers de relogement depuis plusieurs années. En plus du problème des bidonvilles qui poussent comme des champignons, la plus grande partie des constructions de la cité Nezar Cherif reste inachevée. Mais ce qui est frappant dans cette agglomération urbaine, c'est l'état des routes ainsi que l'inexistence de trottoirs. Les autorités locales ne comptent les réhabiliter qu'une fois les chantiers terminés, apprend-on auprès des citoyens. Quant aux lieux de loisirs et de distraction, « on n'en parle plus ».