Les Dynamiques de la société civile, regroupant la Confédération des syndicats autonomes, le Forum civil pour le changement et le Collectif de la société civile, ont tenu hier, à Alger, leur quatrième réunion de concertation dans le cadre de la préparation de la Conférence nationale de la société civile, devant se tenir le 15 du mois en cours, durant laquelle va être présentée une «feuille de route consensuelle» de sortie de crise. Réunissant près de 70 organisations, comme nous l'a indiqué Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), l'une des organisations faisant partie du Collectif de la société civile, cette réunion, qui s'est poursuivie jusqu'en début de soirée, a connu des débats «ouverts et très fraternels» autour des mécanismes et de la nature de la transition. Vu les différentes sensibilités politiques et idéologiques présentes, il n'est pas aisé d'arriver, dans des délais courts, à un consensus, mais les uns et les autres se montrent optimistes, au vu de «l'acceptation de la diversité» et de la «prise de conscience» quant à la difficulté de la situation qui prévaut. «Cette dynamique suscite beaucoup d'espoir», nous dira Salhi, précisant, néanmoins, que cette conférence «ne compte nullement représenter le hirak, mais rester en phase avec lui». L'autre point fort sur lequel comptent les auteurs de cette initiative, ajoute-t-on de même source, est le fait qu'il y ait un consensus autour de la transition et des valeurs de liberté et de démocratie. A cet effet, un groupe de travail se penche sur l'«harmonisation» des trois feuilles de route existantes, celles des trois dynamiques, afin d'arriver à un minimum consensuel, qui, après adoption, sera soumis également à la classe et aux personnalités politiques. L'initiative se veut une force de proposition de sortie de crise qui pèsera sur l'échiquier, d'autant que beaucoup de voix, proches du pouvoir notamment, affirment à chaque fois que l'opposition ne présente aucune alternative. Il faut rappeler que le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, avait réexprimé jeudi dernier son appel au dialogue, en affichant sa volonté de mettre sur pied un organe «indépendant» pour l'organisation des élections. Un appel qui a été rejeté par la rue qui n'accepte toujours pas toute idée de dialogue avec les «symboles de l'ancien système». Bien évidemment, cela ne veut pas dire que les opposants au régime rejettent le dialogue en lui-même. «On ne rejette pas le dialogue. Il faut le préparer sérieusement. Pas de dialogue pour régénérer le système», nous a indiqué, à cet effet, Saïd Salhi. En tout cas, chez Les Dynamiques de la société civile, il y a consensus à ne pas répondre favorablement à l'«invitation» de Bensalah, l'une des deux figures, avec le Premier ministre, unanimement rejetées par les manifestants, qui n'a fait, ajoute notre interlocuteur, que «réexprimer la feuille de route proposée par le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah». La classe politique et le mouvement associatif réclament des garanties, des gages de bonne volonté, et pour l'heure, le pouvoir en place peine à prendre ces «mesures d'apaisement», ce qui n'aide pas à établir un rapport de confiance. En tout cas, Les Dynamiques de la société civile, qui veulent montrer qu'il y a des efforts qui sont fournis au sein de la société civile afin d'arriver à un consensus susceptible de sortir le pays de la crise, font tout pour présenter, dès le 15 juin, date de la tenue de la Conférence nationale, une feuille de route consensuelle autour de laquelle d'autres segments de la société pourront se greffer. Mais, dans tous les cas de figure, cela dépendra de la volonté du pouvoir à aller, dans les plus brefs délais, vers un processus qui sortira le pays de la crise qui le mine depuis maintenant plus de trois mois.