La situation inédite induite par la présentation de seulement deux dossiers de candidature à la candidature à l'élection présidentielle du 4 juillet prochain par deux citoyens inconnus, a suscité bien de commentaires de la part d'acteurs politiques mais également associatifs qui n'écartent pas l'annulation inévitable dudit scrutin, le Conseil constitutionnel devant statuer, il faut le relever, dans un délai de dix jours, sur ces deux dossiers. Hakim Belahcel, Premier secrétaire national du FFS : «Une victoire historique, et tout reste à faire pour le peuple algérien» «Le FFS félicite le peuple algérien pour cette formidable consécration. Une très belle récompense qui vient couronner plusieurs semaines de grandes mobilisations et de sacrifices. Contrairement à quelques avis fatalistes et alarmistes, l'annulation de cette élection présidentielle décidée, pour rappel, d'une manière unilatérale par l'état-major de l'armée, constitue une chance inouïe pour l'avenir de notre pays. En effet, la crise politique multiforme qui a longtemps paralysé notre nation et hypothéqué l'avenir de notre peuple ne pouvait et ne devait pas se résorber à travers un autre coup de force électoral. Beaucoup de temps a été perdu depuis l'entame de la glorieuse révolution populaire pacifique à cause des manœuvres souterraines des tenants du pouvoir réel et de leur entêtement à faire aboutir une feuille de route politique décriée et dénoncée par la majorité de la classe politique et de l'ensemble de nos valeureux compatriotes. Il n'y a pas de fatalité historique car les solutions existent ! Le vide constitutionnel est éphémère devant la gravité de la situation et l'impérative nécessité de prévoir des issues politiques particulières et extraordinaires. Il est plus que temps aujourd'hui de se conformer au vrai sens de la volonté populaire en engageant le pays dans une transition démocratique qui verra l'élection d'une assemblée constituante souveraine et l'avènement de la deuxième République. Pour ce faire, le FFS a déjà proposé l'organisation d'une conférence nationale de concertation sans préalables afin de cerner les contours d'un pacte politique consensuel. Le FFS y travaille activement ! Puisque un riche programme de rencontres avec les partis politiques, les organismes sociaux et les personnalités nationales indépendantes est dans la phase de concrétisation.» Soufiane Djillali, président de Jil Jadid : «On ne peut pas faire d'élection sans électorat» «Cette situation était inévitable et prévisible vu que les conditions techniques et politiques de cette élection n'étaient pas réunies. On ne peut pas faire d'élection sans électorat. Il ne reste plus que la solution politique en pensant à une période de transition pour dénouer la crise de légitimité. Il s'agit de préparer très sérieusement le retour aux urnes au bout d'un dialogue inclusif avec l'ensemble de la société politique et trouver un consensus autour de règles du jeu politique et définitif.» Lakhdar Benkhellaf, vice-président du FJD : «Tout pour éviter de reproduire les échecs» «C'est un résultat attendu. Je pense que nous n'avons plus de temps à perdre, nous devons nous engager dans un dialogue sans exclusive avec l'institution militaire, que ce soit directement ou indirectement pour trouver une solution à l'effet d'éviter de reproduire les mêmes échecs. Espérons que les uns et les autres retiendront les leçons qui s'imposent pour mettre en place une feuille de route qui nous permettra de sortir de la crise». Mohammed Said, président du PLJ : «Pour un dialogue inclusif» «Cela confirme que nous sommes dans une crise politique, qu'il faut au plus vite établir un consensus national pour en sortir et le plus vite serait le mieux. Un dialogue qui doit être mené par le pouvoir réel avec la participation de tous les partis, les acteurs associatifs et les représentants du mouvement populaire pour s'entendre sur une feuille de route. Avec comme priorité la mise en place d'une instance indépendante d'organisation des élections. Nous sommes devant un gros problème, le chef de l'Etat doit partir comme revendiqué par la rue car ne pouvant accomplir sa mission, celle d'organiser des élections présidentielles dans trois mois comme le consacre la Constitution dans son article 102.» Ahmed Adhimi, chargé de la communication du parti des avant-gardes des libertés : «Aller le plus vite pour une élection présidentielle» «C'est une situation inédite à laquelle le pays n'était pas préparé puisque non prévue par la Constitution. Nous ne devons pas nous permettre davantage de tergiversations puisque je pense qu'il faut aller le plus vite possible vers une élection présidentielle, le pays ne pouvant pas demeurer sans Président longtemps. Une élection à organiser dans moins de six mois au maximum avec le départ du gouvernement Bédoui et la mise en place d'une instance indépendante qui sera chargée d'organiser les élections de leur début à leur fin, sans immixtion aucune de l'administration.» Abdelouahab Fersaoui, Président du RAJ (Rassemblement-Actions-Jeunesse) : «L'organisation du rendez-vous du 4 juillet est caduque» «C'est un acquis de la mobilisation des Algériens et des Algériennes depuis le 22 février dernier qui rejettent les feuilles de route du pouvoir qui vise à son maintien au détriment de la volonté du peuple. C'est aussi le résultat d'un entêtement du pouvoir incarné par le chef d'état-major qui refuse d'écouter les revendications du mouvement populaire. Donc, c'est l'organisation du rendez-vous du 4 juillet qui est caduque. On ne peut parler de solution constitutionnelle et la balle est désormais dans le camp du pouvoir pour aller vers une période de transition indépendamment des symboles du régime surtout que le peuple algérien ne peut pas céder et il est déterminé à aller jusqu'au bout de sa marche vers un Etat de droit démocratique.» Said Salhi, vice-président de la LADDH : «Et maintenant ?» «L'élection présidentielle ne pourra pas se tenir, tout indique qu'on va vers son annulation ou son report, car rejetée par la rue, les partis de l'opposition, la société civile, les personnalités nationales. Faute de candidats, le Conseil constitutionnel annoncera sa décision, on sera, de fait, dans le vide constitutionnel, donc en dehors de la Constitution. Une autre victoire au peuple déterminé qui a fait échec à tous les plans du système. Ce dernier, en s'accrochant à sa solution constitutionnelle autour de l'article 102, nous a finalement menés vers l'impasse avec en plus une perte de temps. Au-delà du 4 juillet : ou c'est la transition politique en dehors de la Constitution, ou c'est encore le prolongement de la crise qui risque encore de s'exacerber et d'exposer le pays à des dangers plus graves. Le pouvoir réel, en l'occurrence l'armée, à sa tête Gaïd Salah, a la responsabilité d'ouvrir un dialogue sérieux et franc en vue d'amorcer la transition en rupture avec le système et ses symboles vers la nouvelle République, c'est la seule solution. Encore une fois, il est question de bonne volonté et de crédibilité, les figures déjà rejetées par la rue, à savoir Bensalah et Bedoui, n'ont aucun rôle à jouer, ils doivent partir. Du côté de la société, il faudra accentuer l'organisation et la jonction entre toutes les dynamiques sans exclusion aucune pour dégager un consensus le plus large possible autour de la transition, de ses institutions, de la durée et de l'agenda, mais aussi et surtout des préalables et du socle commun des valeurs qui renforceront l'union nationale et le vivre-ensemble dans la diversité, la plénitude citoyenne et les droits humains. Le consensus est dans la rue malgré toutes les manœuvres, il faudra le traduire en consensus politique et dans ce sens la société civile peut jouer un rôle capital dans la médiation, la proposition. J'y crois beaucoup.» Parti des Travailleurs : «Seul un processus constituant» «Après l'expiration du délai de dépôt de dossiers de candidature pour l'élection présidentielle du 4 juillet 2019, il est évident que ce scrutin, prévu par le pouvoir comme moyen de sauvetage du système, n'aura pas lieu. Les manœuvres, les menaces et les intimidations n'ont donc pas pu venir à bout de la volonté de la majorité du peuple qui l`a massivement rejeté. La mobilisation avait déjà défait auparavant les plans visant le sauvetage du système à commencer par la mise en échec du 5e mandat, du prolongement du 4e mandat et la mise en route de l'article 102 de la constitution qui a conduit à la tentative d'imposer la présidentielle du 4 juillet… Cette semaine encore, l'immense majorité a réaffirmé massivement dans tout le pays sa volonté de prendre son destin en main en s'adressant notamment par des mots d'ordre clairs directement aux détenteurs du pouvoir pour dire «nous voulons un Etat civil, pas militaire», «non aux élections de du 4 juillet», «partez tous». Pour le PT, la transition réellement démocratique qui permettra au peuple d'exercer sa pleine souveraineté, en rupture avec le système, ses institutions, ses symboles et ses pratiques, serait un processus constituant qui, partant de la base, culminera par la mise en place d'une assemblée nationale constituante et souveraine composée de délégués élus et révocables.» M. K.