La rencontre-débat organisée par le centre culturel français, dimanche après-midi, avec pour hôte le médiatique Stéphane Babey, journaliste et romancier franco-algérien auteur de Camus, une passion algérienne , a tenu toutes ses promesses, tant par le talent d'orateur de Babey que par la qualité des interventions ayant suivi la conférence. Evoquer l'auteur de L'étranger dans le climat de polémique prévalant actuellement aussi bien en Algérie qu'à l'Hexagone est un exercice délicat, mais Stéphane Babey, en homme de la radio, rompu à l'exercice de la parole, s'en sortira de fort belle manière en mettant l'accent sur « l'artiste Camus plus que l'intellectuel », et du coup, apportant un éclairage nouveau sur l'enfant de Belcourt, taxé par certains d'écrivain colonial car coupable de silence, lequel silence sera qualifié par le conférencier de « silence de deuil sur la condition des Algériens, car les pauvres, arabes, français, ou espagnols, étaient restés pauvres et qu'entendre un silence lorsque règnent les dogmes et les préjugés était mission impossible ». Poursuivant sur le thème du non-engagement d'Albert Camus durant la guerre d'Algérie, Stéphane Babey dira : « Je ne sais pas si Camus aurait pu prendre parti avec un camp ou l'autre, mais ce que je sais, c'est qu'il n'aurait jamais abandonné l'Algérie. » Il arguera du fait que « Camus était un grand incompris en ce sens qu'il avait choisi la singularité de l'artiste ». Il évoquera aussi le prix Nobel que l'écrivain avait reçu en 1957, et qui fut aussi la raison principale de la prorogation du silence de Camus car chacun des deux camps voulait qu'il parle en son nom, vu l'aura qu'aurait conféré l'appui d'un Nobel à l'une où à l'autre des deux causes. Le conférencier conclura avec la nécessité de « construire l'avenir entre l'Algérie et la France en écartant la politique et en impliquant les classes intellectuelles ». Pour rappel, après son premier essai consacré à Camus, Stéphane Babey a fait paraître, l'année dernière, L'inconnu d'Alger, une suite romancée à Camus, une passion algérienne, et planche actuellement sur un autre roman et une pièce de théâtre.