La perspective du 5e Conseil d'association avec l'Union européenne, qui se tiendra le 15 juin prochain à Bruxelles, remet à l'ordre du jour toutes les difficultés rencontrées sur le terrain dans le cadre de la mise en œuvre de l'Accord d'association signé en 2005. Des années d'existence d'une passerelle économique qui, de l'avis des uns et des autres, des deux côtés de la Méditerranée, n'ont pas donné les résultats escomptés. Si du côté européen on reproche à l'Algérie des mesures protectionnistes prises à la faveur de la LFC 2009 et de la loi de finances 2010, du côté algérien on en a gros sur le cœur et on n'hésite plus à dire que les règles de l'échange n'ont pas du tout été respectées. Pertes fiscales se chiffrant, en 2009, à 2,2 milliards de dollars, rareté des investissements étrangers (seulement 500 millions de dollars), augmentations des importations en provenance d'Europe à 11 milliards de dollars sont cités par les pouvoirs publics pour motiver les griefs contre le partenaire occidental. La révision de certaines clauses de l'Accord d'association est aujourd'hui brandie par le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, qui entend rétablir la balance commerciale avec l'Union européenne. Du côté des entreprises algériennes, le constat est également amer et la réalité d'un déséquilibre des échanges en faveur des Européens est clairement mis à l'index. Les arguments et les explications de l'échec sont, cependant, différemment présentés. Contacté hier, Boualem M'rakech, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), estime que « les chances des entreprises algériennes de commercer avec l'Europe sont très minimes, malgré les solides projets présentés régulièrement par les entrepreneurs ». Ceux-ci, « très impliqués, ne ménagent aucun effort pour présenter leurs idées et leurs offres d'échange, note M. M'rakech, mais sans réelle prise en compte de leurs propositions d'affaires du côté européen. » « Nous assistons à des manifestations en Europe, des foires, des bourses d'échanges,etc. Mais sans rien obtenir de concret », nous dit encore M. M'rakech qui estime que « tant qu'administrativement rien n'est fait en Europe, les projets des entreprises algériennes resteront lettre morte ». Le président de la CAP relève aussi qu'en Europe, « on ne se focalise que sur l'attrait de l'Algérie en tant que marché accessible et rentable ». « Commercer n'est pas un problème en soi », souligne M. M'rakech, mais il faudrait impérativement « que soient réhabilités les principes et les fondements des négociations arrêtées en 2005 pour rendre l'espace euroméditerranéen profitable à tous ». Autre patron, autre son de cloche, Slim Othmani, membre du FCE et PDG de la Nouvelle Conserverie algérienne (NCA Rouiba), se veut moins tranchant quant à l'échec de l'Accord d'association avec l'Europe. Il estime, en tant que chef d'entreprise, que ce constat n'est fait que « par rapport aux chiffres des importations » alors qu'il devrait être abordé dans sa globalité et être « établi sur la base d'études élaborées aussi bien par les pouvoirs publics que par les entreprises ». M. Othmani juge, dans le cadre d'un bilan à tirer suite à cinq ans d'application de l'Accord d'association avec l'Union européenne, que « les entreprises ont été marginalisées lors de la conclusion de l'accord de 2005 et l'Etat a failli dans ce domaine ». M. Othmani estime que les problèmes relevés aujourd'hui découlent notamment du fait que « le montant alloué à la mise à niveau était absolument insuffisant et l'application du programme destiné aux entreprises très laborieuse ». Slim Othmani pointe du doigt le peu d'accompagnement des entreprises qui avaient besoin de transfert technologique, par exemple, mais n'ont rien obtenu.