Les responsables ont-ils l'occasion de faire un tour dans les quartiers populaires ? Vraiment, il y a de quoi se le demander. L'état des cités se dégrade de jour en jour. Pourtant, un communiqué officiel est parvenu à notre rédaction en avril dernier annonçant une campagne d'assainissement tous azimuts par la commune, notamment une opération d'abattage des chiens errants, le désherbage, le nettoiement des quartiers, et bien sûr, pour rendre ces actions efficientes, une bonne action de sensibilisation en direction des habitants, dont l'incivisme, il faut le dire, a atteint un seuil intolérable. A titre indicatif, les cités périphériques de Ziadia, Djebel El Ouahch, les 1100 logements de Zouaghi (Aïn El Bey)… croulent sous les déchets. Les agents de nettoiement, certes dépassés par l'incurie des riverains, ne font de leur côté que semblant de balayer ; en réalité, ils se contentent de pousser les ordures vers les coins. Le résultat est catastrophique ! L'aspect de ces cités-dortoirs est de plus en plus repoussant, et pour couronner le tout, les chiens, se déplaçant en meutes, sont les nouveaux maîtres des lieux. Des gens racontent qu'ils prennent toujours la précaution de s'armer de gourdins avant de s'aventurer à la mosquée pour la prière d' « El Fedjr ». D'autres se sont vus carrément attaqués par ces canidés affamés que même la menace des bâtons n'a pas dissuadés. D'autre part, les comités de quartier ont rendu le tablier. Sinon, comment expliquer ce laisser-aller scandaleux qui ne dit pas son nom ? Certaines personnes de bonne volonté voudraient bien mettre la main à la pâte, mais comment se faire écouter en l'absence d'un programme officiel, cohérent, ou même de prérogatives ? « Il faut impérativement sensibiliser les gens ; même les plus récalcitrants finissent par se rendre à la raison s'ils voient que c'est vraiment sérieux, qu'il y va de la santé de leurs enfants ; il faut vraiment qu'on sente que nos élus sont impliqués, que les citoyens ne sont pas livrés à eux-mêmes, que l'Etat est présent, que les politiciens ont à cœur le bien-être des administrés », relève un enseignant universitaire, habitant aux 500 logements (Aïn El Bey). Des jeunes, désoeuvrés, pourraient être sensibilisés dans ce sens par la commune dans le cadre de l'emploi temporaire. « Beaucoup de choses pourraient être faites par les habitants des quartiers populeux, mais sous l'égide d'une autorité locale, car sans cela, rien ne changera », avertit un autre citoyen. Par ailleurs, les risques de maladies sont toujours latents dans ces lieux populeux. Selon un habitant, médecin, la présence de chiens errants, conjuguée aux saletés environnantes, aux insectes et au déversement putride des égouts, notamment avec l'approche de la saison chaude, peuvent engendrer des pathologies spécifiques, comme la leishmaniose et même la rage. Pour les élus qui pensent que les journalistes sont des adeptes du « verre à moitié vide », et qu'ils font dans « l'alarmisme », nous les invitons à faire un tour dans ces quartiers.