– Constantine : «Allez ! Qu'ils nous embarquent tous !» Etat civil et non militaire !» était le mot d'ordre lors de la marche du 21e vendredi à Constantine. Les manifestants sont sortis pour exprimer leur détermination et affirmer que les «menaces de Gaïd Salah», qualifiant ceux qui réclament un Etat civil de traîtres, ne leur font pas peur. «Allez ! Qu'ils nous embarquent tous ! Tout le peuple algérien est un traître !» a lancé un manifestant. D'autres ont repris «Barakat ! Barakat du pouvoir des généraux !» et «Le peuple veut la chute de AGS». Les marcheurs ont dénoncé les discours de Gaïd Salah qualifiés de provocations à l'encontre du peuple. «Il vise à dévier le mouvement populaire de son objectif, c'est-à-dire bâtir une véritable République démocratique et de droit», ont affirmé des manifestants. «Nous ne voulons pas rester dans les cercles occultes de ce pouvoir, qui représente un Etat civil de façade. Nous voulons un Etat où tous les Algériens peuvent cohabiter malgré leurs divergences. L'Algérien ne veut pas aussi un Etat théocratique. Cela se fera avec un changement et une nouvelle Constitution. A ce moment, la décision reviendra au peuple qui choisira dans quel type d'Etat il veut vivre», estime Adel, un jeune manifestant. Yousra Salem – Jijel : «Y en a marre des généraux» La rue jijelienne a fait une cinglante réponse au dernier discours de Gaïd Salah, lors de la marche d'hier en scandant «Madania machi âaskaria» (Un Etat civil et non militaire). La foule a particulièrement entonné les slogans qui ne semblent pas plaire au chef d'état-major comme «Gaïd Salah dégage», «Y en a marre des généraux», «Hada echâab la yourid hokm el âasker min jadid» (Ce peuple ne veut plus d'un nouveau pouvoir militaire), «Mada 7, solta lechâab» (Article 7, pouvoir au peuple), «ça y est, c'est bon, echâab (le peuple) président», «El yed felyed nahou el issaba nzidou l'Gaid» ou encore «Les Algériens, khawa khawa (frères) et Gaïd Salah mâa khawana (les traîtres)». Les marcheurs ont par ailleurs exigé la libération de Lakhdar Bouregâa, criant «Silmiya silmiya, matalebna charaia» (Pacifique, pacifique, nos revendications sont légitimes). Dans la marche, des manifestants ont brandi des pancartes appelant à une transition républicaine, remerciant Djamel Belmadi pour les résultats de l'équipe nationale, ou refusant un recyclage du système. On retiendra cet écriteau sur lequel était écrit : «Le peuple n'a jamais trahi l'Algérie, mais le pouvoir a toujours trahi le peuple». Fodil S. – Annaba : «Nous ne sommes pas des traîtres» Les manifestants de la wilaya de Annaba ont tenu tête, hier, au chef d'état-major de l'armée, le général-major Ahmed Gaïd Salah, en scandant : «Daoula Madania machi askaria» (Etat civil non militaire). Après avoir investi le Cours de la Révolution, la foule n'a pas cessé de lancer des slogans hostiles à l'encontre d'AGS, comme pour lui rappeler que le peuple est souverain et choisira la manière par laquelle il devrait être gouverné. «Nous ne sommes pas des traîtres, nous espérons simplement que notre Algérie soit un Etat civil, démocratique et de droit. La politique et le militaire n'ont jamais fait bon ménage», fulminent des jeunes. Les messages inscrits sur les pancartes confirment également les revendications du peuple annabi : «Nous ne sommes pas des complotistes, nous cherchons simplement notre liberté, notre Etat de droit», «L'Algérie est une République pas une caserne». Malgré la chaleur, la soif et la fatigue, l'ambiance était comme d'habitude festive. La solidarité populaire y était aussi. Aux manifestants, on distribuait des bouteilles d'eau fraîche. Rappelons que les avocats ont observé jeudi un sit-in devant la cour de justice de Annaba. Ils ont aussi scandé «Daoula madania machi askaraia». M.-F. G. – Sétif : «Pour un Etat civil et de droit» Sous une chaleur de plomb, frôlant les 40°C à l'ombre, des centaines de Sétifiens sont revenus à la charge pour le 21e vendredi consécutif. Préférant mettre entre parenthèses leur congé hebdomadaire, les animateurs du mouvement citoyen ont battu le pavé, exigeant haut et fort le départ des derniers symboles d'un régime finissant. Brandissant l'emblème national, la foule a emprunté, comme à l'accoutumée, le même itinéraire, pour se donner rendez-vous dans les parages du siège de la wilaya. Scandant les slogans habituels repris en chœur par une marée humaine plus que jamais déterminée. Pointé du doigt pour ses violations des droits de l'homme et l'emprisonnement arbitraire de nombreux activistes, le système est sommé de libérer les prisonniers d'opinion et, à leur tête, le moudjahid Lakhdar Bouregaâ. Sous l'œil plus ou moins discret d'un service d'ordre omniprésent, les manifestants ont brandi des pancartes et banderoles où l'on note : «Pour un Etat civil et de droit», «Pas d'élection organisée par le clan», «Libérez les détenus d'opinion», «Ni Etat militaire ni Etat islamique». Très remontés contre un pouvoir faisant tout pour aller vers le pourrissement de la situation, les manifestants n'abdiquent pas. «Au lieu de tout entreprendre pour trouver une sortie de crise, le pouvoir brimant la liberté d'expression fait dans le déni. On exige la libération de Bouregaâ et des détenus d'opinion ne pouvant rester en prison aux côtés des prédateurs et des vautours qui ont siphonné les richesses du pays. Ayant brisé le mur du silence et vaincu sa peur, le peuple algérien ira jusqu'au bout. Nous n'abandonnerons jamais notre idéal pour la construction de la IIe République, basée sur la justice sociale et l'égalité des chances», tonnent des Sétifiens, pas du tout indisposés par un soleil de plomb. Kamel Beniaiche – Bordj Bou Arréridj : Les irréductibles tirent à boulets rouges sur le système Inlassablement, des centaines d'irréductibles marcheurs sont sortis hier à Bordj Bou Arréridj pour occuper la rue, maintenir la pression et tirer à boulets rouges sur les derniers résidus du système et sa «périphérie». Brandissant l'étendard amazigh et l'emblème national, ils ont scandé des propos hostiles au système criant «Ulac smah ulac» et «Que toute la bande s'en aille». Les manifestants n'ont épargné ni les gendarmes ni la police et s'en sont même pris à une partie de la presse, du moins ce qu'on a laissé entendre, les qualifiant tous de «Corrompus, lécheurs de bottes et de complices». Comme dans toutes les marches, même si personne ne connaît personne, chaque anonyme aborde et engage la conversation sans encombre avec son voisin. «Ce qui me chiffonne et ce que je ne comprends pas dans ce mouvement pacifique, c'est pourquoi prête-t-on autant d'intérêt à la présence de l'étendard amazigh dans des manifestations ? Alors que, pas plus tard qu'hier (jeudi) soir, des Franco-Algériens ont, lors de la qualification des Verts aux demi-finales de la CAN, envahi les Champs-Elysées avec un déluge de drapeaux algériens. Et pourtant la scène n'a dérangé personne parmi la classe politique», nous dit-on. M. A.