S'il ne subsiste pratiquement plus l'ombre d'un doute quant à sa volonté de racheter la totalité du capital de Djezzy, il reste que le gouvernement demeure, à ce jour, discret concernant l'avenir qu'il compte réserver à la filiale du groupe égyptien Orascom une fois qu'elle sera dans son escarcelle. Jusque-là, les autorités entretiennent le suspense et se contentent juste d'affirmer – par la voix du ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la télécommunication – qu'elles ont « une conception, une méthode et un plan qui sera dévoilé au moment opportun ». Une manière, sans doute, de soutenir l'idée que le gouvernement ne navigue pas à vue dans ce dossier qui commence à tenir en haleine les milieux d'affaires nationaux et internationaux. Malgré le souci manifeste du gouvernement de ne pas se laisser déborder et de garder secrets le maximum d'éléments liés à ce qui conviendrait maintenant d'appeler l'affaire Djezzy, de nombreuses sources révèlent néanmoins que beaucoup d'opérateurs privés algériens et étrangers se seraient déjà placés dans les starting-blocks dans la perspective de s'engager dans la bataille pour le rachat d'une partie du capital de la société égyptienne. Cela dans l'éventualité, bien entendu, où le gouvernement déciderait de revendre une partie des parts de Djezzy, une fois qu'il en aura pris le contrôle. L'intérêt prématuré exprimé par le gratin de la finance internationale et nationale pour l'opérateur privé de téléphonie mobile est aisé à comprendre. Depuis sa création, Djezzy a déjà réalisé de gros bénéfices (580 millions de dollars en 2008) et reste, pour le moment, le leader avec pas moins de 14 millions d'abonnés. Et il va sans dire que le groupe industriel ou l'homme d'affaires qui parviendra à accéder à son capital aura assurément mis la main sur une véritable machine à sous. Aussi, bien que le gouvernement n'ait encore rien indiqué concernant ses intentions, de nombreux groupes de pression ne perdent pas leur temps puisqu'ils s'emploient dans les coulisses, en ce moment même, à convaincre les principaux décideurs du pays que ce serait une mauvaise idée de chercher à s'encombrer d'un deuxième opérateur public de téléphonie mobile. Dans l'absolu, il n'est pas exclu de voir les autorités céder aux pressions des milieux d'affaires. De nombreux observateurs soutiennent toutefois qu'en acceptant, par exemple, de s'allier à une société étrangère, les autorités se priveront non seulement d'une importante source de rentrée d'argent, mais prendront également le risque de se voir accuser, ni plus ni moins, d'avoir voulu uniquement chasser du pays le groupe Orascom. Car à quoi servirait-il, en effet, de racheter l'intégralité du capital de Djezzy si c'est pour le revendre, en définitive, à une autre multinationale qui chaque année chercherait, elle aussi, à transférer à l'étranger une grande partie de ses dividendes. Une telle issue constituerait, en tout cas, une excellente occasion aux responsables du groupe Orascom pour revenir à la charge et, surtout, essayer de défendre leurs intérêts devant les tribunaux internationaux d'arbitrage, cela même si au départ ce sont eux qui ont cherché à se délester de leur filiale algérienne de téléphonie mobile. Reste maintenant à savoir dans quelle mesure un privé 100% algérien a des chances de se voir associer dans la gestion de Djezzy. A priori, au plan légal, rien ne s'oppose à une telle opération. Mais si cela devait effectivement se faire, il serait intéressant de connaître les conditions qui détermineront l'accès dans le capital de cette entreprise qui fait aujourd'hui objet de toutes les convoitises. Une chose est certaine, dans tous les cas, l'affaire Djezzy sera surveillée comme le lait sur le feu.