Le courant ne passe plus entre le directeur de l'Ecole nationale supérieure de l'hydraulique (ENSH) et un groupe d'enseignants du même établissement. Ces enseignants accusent le directeur de « ne ménager aucun effort pour se maintenir en poste, sans pour autant se soucier du bon fonctionnement de l'école ». D'après leurs dires, l'ENSH, qui vient d'acquérir officiellement le statut de grande école, continue de fonctionner sans structures pédagogiques la prédisposant à ce nouveau statut. « Certes, nous méritons ce statut de par la qualité de l'enseignement dispensé à nos étudiants, mais à quoi bon cette accession si la logistique et les structures ne fonctionnent pas ensemble pour concrétiser cette progression vers un pôle d'excellence », déplore une enseignante de l'ENSH. La transition de l'école vers un autre mode de fonctionnement n'a pas été sans impact sur les enseignants du tronc commun en technologie, apprend-on de nos interlocuteurs. D'ailleurs, une vingtaine d'entre eux se sont retrouvés sur la liste d'orientation qui a été envoyée au ministère de l'Enseignement supérieur, les déclarant « sans charges horaires » et vont, de ce fait, être mutés ailleurs pour enseigner dans des classes préparatoires prévues dans le cadre du nouveau mode de fonctionnement ou dans des universités. Cette mesure a particulièrement suscité la colère et la consternation des enseignants qui estiment que « le directeur de l'ENSH n'a pas le droit absolu de soumettre à la tutelle le devenir des enseignants du tronc commun sans aucune concertation. Ces enseignants ont tant donné et, de surcroît, ils étaient là quand l'école avait besoin d'eux dans les moments difficiles ». Les enseignants contestataires dénoncent en somme un flagrant paradoxe entre ce à quoi prédispose le nouveau statut de grande école et certaines dispositions prises par l'actuel directeur. « Est-ce qu'une grande école peut se prétendre en tant que telle, en fusionnant trois départements névralgiques en un seul ? », s'indignent nos interlocuteurs. Pour M. Benhafid, directeur de l'ENSH depuis plus de 10 ans, « cette transition se fait dans un cadre tout à fait réglementaire, puisque la réorientation de quelques enseignants trouve sa justification dans la suppression du tronc commun, ce qui explique qu'ils ont été déclarés sans charge ». Et de poursuivre : « L'école vient juste de passer d'un statut à un autre. Il y a deux mois, nous avons déposé un dossier au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour accélérer la mise en place de structures en adéquation avec le nouveau statut. Maintenant, il y a le conseil de direction qui assure cette charge en attendant la mise en place des structures de l'école. » Pour rappel, une grève illimitée avait été lancée par les étudiants de cette école il y a quelques jours, en raison de l'annulation du circuit d'étude programmé d'habitude pour les étudiants en fin de cursus.