Dans un discours à la nation diffusé hier, le chef de l'Etat a annoncé la convocation du corps électoral pour le 12 décembre prochain. Le pouvoir politique va ainsi jusqu'au bout de sa logique : tenir la présidentielle avant la fin de l'année, malgré l'opposition affichée par le mouvement populaire. L'élection du 12 décembre subira-t-elle le même sort que celle du 4 juillet ou le pouvoir, qui semble cette fois-ci décidé à aller au bout de sa feuille de route, pourra-t-il l'imposer ? Gaïd Salah l'avait «suggéré», Bensalah l'a fait. Le chef de l'Etat par intérim a convoqué, hier, le corps électoral pour la tenue de l'élection présidentielle le 12 décembre prochain. Dans un discours à la nation, Abdelkader Bensalah a exhorté les citoyens «à la mobilisation pour faire de ce rendez-vous le point de départ du processus de renouveau de notre nation» et «à œuvrer, massivement et fortement, à la réussite de cette échéance électorale qui permettra à notre peuple d'élire un nouveau Président qui aura toute la légitimité pour présider aux destinées de notre pays et concrétiser les aspirations de notre peuple». «De par son importance, cette élection constituera une occasion sans précédent pour instaurer la confiance dans le pays et ouvrira, par la même, la voie à notre peuple vers un horizon prometteur en matière de consolidation de la pratique démocratique», a-t-il encore ajouté. Tout en réaffirmant que «l'organisation de l'élection présidentielle est la seule et unique solution démocratique viable» et en s'engageant à «réunir les conditions adéquates à l'organisation d'un scrutin présidentiel présentant les garanties de transparence, de régularité et de probité», le chef de l'Etat a estimé que la loi organique relative à l'Autorité nationale indépendante des élections et la loi organique relative au régime électoral, deux textes qu'il a signés la veille, «ont introduit des changements capitaux et inédits qui ont touché à l'essence même de la doctrine suivie jusque-là dans notre pays en matière d'élections». Des changements qui apportent, a-t-il indiqué, «une réponse claire et sans équivoque aux sceptiques et viennent, en même temps, traduire les attentes légitimes de notre peuple en lui permettant de choisir, en toute souveraineté, liberté et transparence, la personnalité à qui il souhaite confier la conduite du changement et la satisfaction du reste des revendications populaires». Il est utile de rappeler que c'est la deuxième fois que Abdelkader Bensalah signe un décret portant convocation du corps électoral, après celui du 10 avril, pour une élection qui devait se tenir le 4 juillet. Faute de candidats et sous la pression populaire, cette dernière fut tout simplement annulée. C'est à partir de là que le mandat de Bensalah a été prolongé au-delà du 9 juillet. Le 2 septembre dernier, le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, avait déclaré : «Il est opportun de convoquer le corps électoral le 15 du mois de septembre.» Les choses se sont accélérées depuis. Et le chef de l'Etat a finalement convoqué le corps électoral hier, 15 septembre. Les Algériens, qui investissent la rue dans les différentes villes du pays, ont unanimement rejeté toute élection qui serait organisée par les «symboles» de l'ancien régime. Qu'en sera-t-il de ce nouveau calendrier électoral ? L'élection du 12 décembre subira-t-elle le même sort que celle du 4 juillet ou le pouvoir, qui semble cette fois-ci décidé à aller au bout de sa feuille de route, pourra-t-il l'imposer ? L'avenir nous le dira.