Lorsque le 2 septembre dernier le chef d'état-major de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, avait lancé depuis Ouargla qu'il considérait qu'il était "opportun" de convoquer le corps électoral pour le 15 septembre, tous les observateurs avaient conclu alors que la messe était dite. La prédiction du chef d'état-major de l'armée a été vite confirmée puisqu'hier, en couronnement d'une adoption de textes de lois au pas de charge, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a convoqué le corps électoral pour l'élection présidentielle fixée au 12 décembre prochain. "Aujourd'hui, il est temps de faire prévaloir l'intérêt suprême de la patrie sur toute autre considération, car elle est notre dénominateur commun et il y va de l'avenir de notre pays, de nos enfants. Aussi ai-je décidé, dans le cadre des prérogatives constitutionnelles qui me sont conférées, de fixer la date de l'élection présidentielle au jeudi 12 décembre 2019", a annoncé hier Abdelkader Bensalah, dans un discours d'une vingtaine de minutes, à la Nation. Dans cette perspective, il a annoncé le décret présidentiel portant convocation du corps électoral. "Partant, je vous exhorte, Mesdames et Messieurs, à la mobilisation pour faire de ce rendez-vous le point de départ du processus de renouveau de notre Nation et à œuvrer, massivement et fortement, à la réussite de cette échéance électorale, qui permettra à notre peuple d'élire un nouveau président qui aura toute la légitimité pour présider aux destinées de notre pays et concrétiser les aspirations de notre peuple", a-t-il dit. Il insiste sur la participation de "tous pour écrire", selon lui, l'histoire du pays. "De par son importance, cette élection constituera une occasion sans précédent pour instaurer la confiance dans le pays et ouvrira, par là même, la voie à notre peuple vers un horizon prometteur en matière de consolidation de la pratique démocratique. J'appelle, donc, les citoyennes et les citoyens à contribuer collectivement, le 12 décembre prochain, à l'écriture de l'histoire de leur pays et au choix de leur nouveau président afin de tracer ainsi l'avenir radieux de leur pays, celui dont rêvaient leurs aïeux et pères et rêvent, aujourd'hui, nos enfants." Comme lors de ses précédents discours, mais qui n'ont pu réussi à convaincre la population de se rendre aux urnes, le chef de l'Etat a évoqué les enjeux inhérents à ce rendez-vous électoral. "J'ai, maintes fois, évoqué devant vous les raisons constitutionnelles, politiques, économiques et stratégiques qui nous imposent l'organisation, dans les meilleurs délais, d'une élection présidentielle, et je demeure convaincu que celle-ci est la seule solution démocratique viable, à même de permettre à notre pays de transcender cette conjoncture", estime-t-il. "Cette démarche à laquelle adhère, Dieu merci, désormais la majorité de notre peuple est aujourd'hui, pour nous, un motif de satisfaction. En effet, cette élection est autant nécessaire qu'urgente pour que le pays renoue, au plus vite, avec sa normalité politique et institutionnelle et pour qu'il puisse se concentrer sur les défis majeurs à relever, aux plans économique et social, et faire face aux menaces extérieures qui planent sur lui", justifie-t-il encore. À ceux qui nourrissent encore quelques doutes ou scepticisme quant aux conditions devant présider à l'organisation de l'élection, Abdelkader Bensalah soutient que les deux textes de lois adoptés comportent des changements qui "apportent, comme chacun l'aura certainement constaté, une réponse claire et sans équivoque aux sceptiques et viennent, en même temps, traduire les attentes légitimes de notre peuple en lui permettant de choisir, en toute souveraineté, liberté et transparence, la personnalité à qui il souhaite confier la conduite du changement et la satisfaction du reste des revendications populaires". Mais Bensalah ne souffle mot, ni sur les préalables ni sur les mesures d'apaisement, encore moins sur les arrestations tous azimuts opérées depuis vendredi dernier. Il a juste rendu hommage au travail du panel et à l'action de l'ANP.