L'approvisionnement du marché pétrolier devrait rester sous pression durant de longues semaines, suite aux attaques ayant ciblé les installations saoudiennes, ce qui serait de nature à soutenir les prix du pétrole. La compagnie Aramco a d'ailleurs d'ores et déjà signalé à ses clients que certaines expéditions pour octobre seront retardées, au vu du peu d'options dont elle dispose pour combler le manque de pétrole dû à l'arrêt des installations. Dans ce contexte, marqué désormais par l'exacerbation des tensions dans la région du Golfe, et les accusations lancées par le président américain contre l'Iran, les prix devraient se maintenir sur une courbe ascendante au vu de la nouvelle prime de risque géopolitique. Les attaques des installations saoudiennes ayant révélé, selon les analystes, que «la sécurité de la production pétrolière au cœur du Moyen-Orient ne peut être garantie». Les attaques de samedi contre le royaume saoudien ont éliminé environ 5% de l'offre mondiale de pétrole – et ont fait craindre un regain de conflit dans la région – poussant le brut brent à une hausse record lundi, au-dessus de 70 dollars, avant un léger repli depuis. Selon la société basée à Londres, Capital Economics, les prix du pétrole pourraient retomber à environ 60 dollars le baril, si l'Arabie Saoudite réussit à rétablir sa production totale d'ici la semaine prochaine, ou à l'inverse atteindre 85 dollars le baril, si cela prend des mois et que les tensions persistent, Les responsables de la compagnie pétrolière publique Saudi Aramco se sont montrés au fil des heures, et des réparations entreprises sur les installations touchées, moins optimistes quant au rythme de la reprise de la production, déclarant, selon l'agence de presse américaine, à un diplomate étranger qu'ils étaient confrontés à une «grave» perturbation mesurée en semaines et en mois. Pour tenter de remédier à la situation, Saudi Aramco exploite des champs de pétrole offshore inutilisés pour remplacer une partie de la production perdue, selon Bloomberg. Les clients sont également approvisionnés au moyen de stocks, bien que certains acheteurs soient invités à accepter différentes qualités de brut. Selon les calculs de Bloomberg, le maximum absolu de capacités de production inutilisées pouvant être mis en production dans les prochaines semaines est d'environ 3,9 millions de barils par jour, soit largement en deçà des besoins du marché. Le président américain a également autorisé la libération de pétrole de la réserve stratégique du pays, tandis que l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui aide à la coordination des stocks de carburant d'urgence des pays industrialisés, a déclaré surveiller la situation. «L'Opep maintient ses réductions» D'autres participants aux réductions de l'OPEP+, tels que la Russie, le Kazakhstan et les Emirats arabes unis, pourraient restaurer quelques centaines de milliers de barils par jour de production, ce qui n'est pas suffisant pour compenser les pertes en Arabie Saoudite. Pour sa part, l'Opep entretient des contacts réguliers avec les autorités saoudiennes, a déclaré le secrétaire général du groupe, Mohammad Barkindo, dans une interview accordée à Bloomberg TV. Il est prématuré de parler de l'inversion des réductions de production pétrolière mises en œuvre par l'OPEP et ses alliés, a-t-il déclaré. Il ajoute que la production américaine est peut-être en plein essor, mais les nombreux foreurs de schiste du pays n'ont guère ou pas de production en réserve. La production américaine de pétrole a plafonné à un niveau moyen de 12,37 millions de barils par jour depuis la reprise de l'ouragan Barry, fin juillet dernier. La production continuera de croître et plus de 10 nouveaux terminaux d'exportation ont été proposés pour le brut américain, capable de traiter environ 8 millions de barils par jour, mais il est peu probable que le premier de ceux-ci soit opérationnel avant 2022 au plus tôt, selon Bloomberg. Le gain de prix historique de l'or noir, depuis lundi, met en évidence le caractère sans précédent des perturbations causées par l'attaque par drone de l'usine de traitement de brut d'Abqaiq. Pendant des décennies, l'Arabie Saoudite a été le principal stabilisateur du marché pétrolier, conservant un important coussin de capacité de production inutilisée pouvant être exploitée en cas d'urgence, comme la guerre de 2011 en Libye. L'arrêt de 5,7 millions de barils par jour de la production du royaume – la pire perte soudaine de l'offre de l'histoire – montre l'insuffisance des réserves d'approvisionnement du reste du monde. Il ne reste que suffisamment de capacité de réserve pour compenser la perte de la production saoudienne perdue, et la plupart de ces ressources risquent de ne pas être utilisables, selon Bloomberg. Le golfe Persique, qui représente environ un tiers des exportations mondiales de pétrole transporté par mer, est quasi en état de siège, dans le sillage des tensions entre les Etats-Unis et l'Iran, exacerbées par l'attaque des rebelles houthis. En plus de la perte immédiate de l'offre, l'attaque a suscité le spectre de représailles américaines contre l'Iran, ce qui pourraient encore enflammer les prix du pétrole. Les rebelles houthis au Yémen ajoutent aux craintes en déclarant que les installations pétrolières en Arabie Saoudite resteraient parmi leurs cibles et que leurs armes pourraient atteindre n'importe où dans le pays.