Indéniablement, l'économie nationale est en train de baisser le rideau. Des entreprises ferment, des milliers de postes d'emploi sont perdus, notamment dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, dans l'agroalimentaire, l'industrie pharmaceutique et le domaine des services. Une rencontre sur la situation de l'économie animée hier à Alger en démontre l'ampleur. Près de 81% des entreprises industrielles en Algérie ont constaté un recul de leurs transactions commerciales au cours des derniers mois, a indiqué, hier à Alger, le président de l'Organisation algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce) Mustapha Zebdi. Coanimant une conférence sur la situation économique du pays avec le président de l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), El Hadj Tahar Boulenouar, M. Zebdi a fait savoir, selon un sondage réalisé par son organisme, que sur 8500 entreprises algériennes productrices, 81% d'entre elles ont constaté une récession de leurs transactions commerciales. «Nous assistons à une situation de stagnation économique, ce que l'on voit sur le marché national n'incite pas à l'optimisme», a-t-il noté. «Il est de notre responsabilité en tant qu'association de rappeler la réalité de l'économie nationale qui est en lien direct avec le pouvoir d'achat et la consommation du citoyen», a-t-il estimé, affirmant que «le pays fait face à une stagnation économique depuis quelques mois». L'intervenant, dont les propos ont été rapportés par l'APS, a expliqué que plusieurs secteurs sont touchés par cette stagnation, dont l'industrie du médicament, l'agroalimentaire et le tourisme. Selon lui, certaines industries agroalimentaires ont connu une baisse de 80% sur la commercialisation de leurs produits, affirmant que certaines usines sont à l'arrêt du fait de l'accumulation de leurs stocks. «En conséquence, on peut s'attendre au licenciement de milliers de travailleurs, certaines PME ont déjà mis la clef sous le paillasson», révèle-t-il, dans des propos repris par l'agence officielle. Les causes de cette stagnation économique, explique Mustapha Zebdi, sont dues à la situation politique actuelle qui a entraîné «des craintes poussant inconsciemment à la non-consommation et au stockage des produits». «L'autre hypothèse qui est en lien avec la première est le recul du pouvoir d'achat des citoyens», a-t-il estimé. Pour le responsable de l'Apoce, le recul de la consommation se traduit par le ralentissement de l'activité économique ayant une incidence sur les recettes du Trésor public, sur la bonne santé des entreprises du pays et notamment sur l'emploi. «Si la situation persiste, on pourrait se retrouver avec des milliers de travailleurs au chômage, notamment dans le secteur privé», a-t-il affirmé, soulevant «la nécessité d'un retour à la stabilité politique» synonyme de confiance des opérateurs et des investisseurs économiques. Pour sa part, M. Boulenouar a fait savoir que plusieurs marchés de gros font face à un recul de 30 à 40% de leur activité commerciale. Cependant, cette stagnation n'a pas causé de pénurie au niveau de ces marchés «qui possèdent des stocks quasiment pour toute l'année, car s'agissant des denrées non périssables». Selon le président de l'ANCA, l'effet psychologique a un grand impact sur les différents opérateurs commerciaux appelant les autorités politiques à rassurer les consommateurs et les entreprises. «Durant les derniers mois, près de 50 000 registres du commerce ont été résiliés par leurs propriétaires», a-t-il fait savoir.