L'annonce de la tenue d'un scrutin présidentiel pour le 12 décembre prochain a renforcé le hirak dans ses convictions. Le projet immuable de ce régime pour se ressusciter prendra forme par le truchement d'une présidentielle. La légitimité populaire ne peut s'exercer qu'à partir d'une période de transition. C'est le message que les milliers de Constantinois ont opposé, hier, au processus électoral mis en œuvre par et pour le pouvoir. «Dirou el intikhabate fi el Imarates», (organisez cette élection aux Emirats), ont ironisé les marcheurs en ce 32e acte de mobilisation citoyenne. Le désaveu populaire à la feuille de route du système, ficelée à la mesure des ambitions d'une caste par un panel illégitime, n'a d'égal que cet engagement inébranlable, manifesté chaque vendredi dans les rues de l'antique Cirta. L'annonce de la tenue d'un scrutin présidentiel pour le 12 décembre prochain a renforcé le hirak dans ses convictions. Le projet immuable de ce régime pour se ressusciter prendra forme par le truchement d'une présidentielle. «Les mêmes symboles du système honni vont organiser ladite élection, une garantie d'un scrutin biaisé», laisse-t-on entendre. Cette marée humaine occupe, comme chaque semaine, la rue pour affirmer son refus de ce simulacre de démocratie. Le peuple ne veut d'unique alternative que le retour à la souveraineté populaire, consacrée par la Constitution dans ses articles 7 et 8. D'ailleurs, ces derniers sont brandis à chaque manifestation, tel un rappel de la légitimité à celui qui a prétendu agir au nom de la Loi fondamentale du pays. «Marhala intikalia, siyada chaabia» (Période transitoire, souveraineté populaire), est le slogan le plus entonné, avec ceux de «Makanche intikhabate ya el îssabate !», «Makanch el vote, wallah ma ndirou, Bedoui Bensalah lazem ettirou, loukane berrssas alina y tirou, wallah mana habsine !» (Il n'y aura pas de vote, il ne se fera pas, Bedoui et Bensalah doivent partir, même si on nous tire dessus, on ne s'arrêtera pas). Des aspirations on ne peut plus significatives de la vision populaire de l'Algérie de demain. «Nous sommes résolument pour un Etat civil, démocratique, débarrassé de ce pouvoir et ses nervis», peut-on lire sur une banderole. Le hirak connaît un regain de mobilisation, la conjoncture étant grave. Fait marquant avec le retour du slogan «Makanche el khamsa ya Bouteflika» (Pas de 5e mandat ô Bouteflika). Allusion claire à la solution préconisée par le pouvoir, qui n'est autre que l'application de la feuille de route prônée par le Président démissionnaire. La foule dense a sillonné les artères principales de la ville, qui composent l'itinéraire, à plusieurs reprises. Plus personne ne veut s'arrêter de marcher ou de scander des slogans hostiles à un projet qui ne sert que les intérêts étroits du système. «Avec l'annonce de certaines candidatures pour leur présidentielle du 12 décembre, dont celle de Tebboune, figure du règne Bouteflika, la stratégie est dévoilée. Il n'y aura pas de changement, mais une continuité via une autre ramification du même système», dénonce un enseignant universitaire, tout en insistant sur la volonté de ce peuple de «ne pas revenir en arrière».