Entre le « rideau de fer israélien » et le « mur de la honte égyptien », les Ghazaouis sont emmurés vivants dans la plus grande prison du monde… Trois ans de siège israélien, ponctué de raids, d'offensives militaires meurtrières, ont plongé l'enclave palestinienne dans le chaos. Dans l'infra humain. Violences et pénuries rythment le quotidien de la population. En mai 2008, 70% des familles vivaient avec un revenu de moins d'un dollar par jour et par personne. La malnutrition chronique touche, d'après l'Unicef, près de 10% des enfants palestiniens de moins de 5 ans. La situation est particulièrement aiguë dans la bande de Ghaza, où 50 000 enfants souffrent de malnutrition. Environ la moitié des enfants de moins de 2 ans sont anémiques et 70% présentent une carence en vitamines. Plus de 60% des ménages sont maintenant dans l'insécurité alimentaire, menaçant la santé et le bien-être des enfants, des femmes et des hommes, indique l'Association des organisations internationales de développement (AIDA). Dans son dernier rapport, l'AIDA (regroupement de 80 ONG humanitaires) tire la sonnette d'alarme. Depuis 2007, Israël a intensifié le blocage des frontières qui a progressivement étouffé l'agriculture, la pêche et détruit tout le tissu économique de la bande de Ghaza. Les appels incessants de la communauté internationale, des ONG, des agences Onusiennes pour la levée de l'embargo n'ont aucunement ébranlé l'Etat hébreu. Plus d'un an après l'offensive « Plomb durci », menée par l'armée israélienne dans la bande de Ghaza, les trois quarts des infrastructures détruites ou endommagées ne sont toujours pas reconstruites ou réhabilitées, indiquait un rapport publié le week-end dernier par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Le PNUD estime que 82,5% des écoles sont encore à l'état de ruines, que 75% des terres cultivables restent inutilisables et que 60% des entreprises privées n'ont pas réussi à reprendre leurs activités. Eau contaminée, pénurie de pain et de médicaments : survivre à Ghaza, un défi de tous les jours. Plus de 65% de la population ne survivent que grâce aux aides humanitaires. Les restrictions aux frontières imposées par Israël ont accouché d'un désastre humanitaire. L'Organisation mondiale de la santé ne cesse d'alerter l'opinion internationale sur la dégradation de la situation sanitaire, les ruptures de stock des médicaments essentiels et consommables. « Les services de santé de Ghaza, déjà fragilisés, sont au bord de l'effondrement. » L'hygiène publique laisse à désirer. Les stations d'épuration ne fonctionnent plus depuis de nombreux mois, constate l'agence onusienne dans son rapport, en raison du rationnement de l'électricité, ce qui a entraîné une grave pollution des côtes et une accumulation des eaux usées dans les bassins, dont certains seraient au bord de la saturation. Les ordures ne sont plus ramassées à Ghaza ; un enfer pour un million et demi de Palestiniens ; un paradis pour les colons juifs. « Dans la bande de Ghaza, quelques milliers de colons vivent dans le luxe, avec piscines et mares à poissons, se livrant à des activités agricoles florissantes après s'être appropriés une bonne part des maigres ressources en eau de la région. Un million de Palestiniens survivent péniblement dans la misère, emprisonnés derrière des murs et se voyant refuser tout accès à la mer ou à l'Egypte », témoignait l'intellectuel juif américain, Noam Chomsky.