C'est à chaque fois un test pour la mobilisation que la rue à Constantine réussit à relever depuis 34 vendredis consécutifs. Une démonstration de force que les citoyens affichent à la face d'un système hermétique aux revendications populaires, celles d'un changement radical de gouvernance et de l'avènement d'une IIe République. C'est ce qui est exprimé à travers certains slogans des premiers jours qui réapparaissent, tant l'entêtement des tenants du pouvoir est intact. Sans oublier de rappeler les articles 7 et 8 de la Loi fondamentale qui consacrent la souveraineté au peuple. Quarante-huit heures après l'installation de la coordination locale de l'Autorité nationale de l'indépendance des élections (ANIE), les manifestants ont donné de la voix à leurs aspirations, insistant sur le rejet de la consultation électorale du 12 décembre prochain. «Toutes les précédentes expériences électorales ont été basées sur une fraude massive et ça ne peut pas changer, puisque c'est le même système qui veillera sur le déroulement de l'opération de vote du 12 décembre prochain. Est-ce que tous ces marcheurs ont l'air d'y croire ?» fait remarquer un manifestant. La réponse à ce forcing électoral était certainement claire et concise de la part des Constantinois. Les affiches concernant la révision des listes électorales sur les murs des artères principales ont été détériorées. Pour ceux qui battent le pavé chaque vendredi, la sortie de crise ne peut jaillir que d'une période de transition. «Le pouvoir, qui a vacillé sous la pression de la rue, tient mordicus à une solution constitutionnelle, en l'occurrence l'élection présidentielle, qui lui permet de ressusciter à travers de nouveaux visages, mais qui s'inscrit en porte- à- faux avec le choix du peuple, celui d'aller vers une Assemblée constituante», explique Fateh, un militant de la cause démocratique. Et de préciser : «La répression qui s'abat sur les manifestants, même les étudiants n'y ont pas échappé, nous conforte dans notre conviction que le pouvoir en place n'est pas près de lâcher du lest. Nous restons mobilisés et notre détermination est à l'épreuve de toute adversité.» Les pensées sont aussi allées aux détenus d'opinion qui croupissent dans les prisons. Des pancartes à l'effigie de Lakhdar Bouregaâ, Karim Tabbou, Fodil Boumala ou encore Abdelmoundji Khelladi, blogueur constantinois placé sous mandat de dépôt il y a moins d'une semaine, ont été brandies, dévoilant le visage répressif du pouvoir en place. En présence des représentants du PAD L'actualité est ainsi au cœur du hirak. Le projet de loi sur les hydrocarbures n'est pas passé sous silence. «Kanoun el mahroukate, machroua el issabate», (le projet des hydrocarbures est le projet des malfaiteurs), ont scandé les marcheurs revigorés pour ce nouveau round de la contestation. Ce dernier s'est déroulé en présence de quelques représentants du Pacte de l'alternative démocratique (PAD). Dans la matinée, Ali Laskri, président du directoire du FFS, et plusieurs responsables de partis ont procédé, au siège du PT, à l'installation du comité de wilaya du PAD. Ils ont tenu à s'associer à la marche des Constantinois, unis pour un idéal démocratique et une «Dawla madania, machi askaria».