La précarité sociale et la détresse humaine s'affichent sous toutes les coutures à Mila, à l'instar des autres régions, via d'interminables nuées de mendiants aux basques desquels collent des enfants en bas âge. Le phénomène de la mendicité galopante n'est pas une nouveauté dans la majorité des contrées de la wilaya, où la déchéance sociale et la paupérisation de franges entières de la population sont loin d'être de vains mots. La nouveauté provient plutôt des subterfuges dressés en épingle et de la diversification des méthodes et des « techniques » à même d'attendrir les éventuels donneurs et les pousser à mettre la main à la poche. Parmi ces procédés cousus main, le recours abusif à la mendicité, par le biais de gosses dont le désarroi et les séquelles de la pauvreté sont affichés ostensiblement, est remis au goût du jour. Si bien que d'aucuns qualifient ce mode opératoire de « grossière tromperie ». Tous les moyens sont bons pour amadouer les fidèles, mais « il ne faut pas être dupe », a averti un passant qui affirme que « ces nuées de frêles gamins en guenilles, que l'on expose sans vergogne aux aléas climatiques devant les mosquées et sur la place publique, sont de faux mendiants et de faux orphelins à la solde de pseudo-parents ». Beaucoup de personnes trouvent effectivement suspect le fait que la totalité de la cohorte de demandeurs d'aumône est inconnue dans les localités où elle fait la manche. Les vrais mendiants (es), qui subissent de plein fouet le dénuement, sont connus des riverains, car provenant de la périphérie, à l'inverse des vrais faux nécessiteux qui, de peur d'être démasqués, préfèrent bourlinguer d'une région à une autre pour quémander des sous en toute quiétude. En somme, une situation de parfaite sinécure qui a tendance à se généraliser.