Déboutées par la justice en juillet 2004, les familles évacuées de l'ex-ferme Tenoudji, située au quartier Emir Abdelkader, ont introduit un appel et sollicitent l'intervention du chef du gouvernement et du président de la République dans cette affaire qu'elles qualifient de « hogra ». Les locataires de l'ex-ferme Tenoudji avaient été, pour rappel, délogés le 17 juillet 2003 par la force publique au moment du transfert de la population de l'ex-bidonville du même nom et assisté impuissants à « sa démolition de manière sauvage » à coups de bulldozer. Cette ferme centenaire appartenait à un juif français, Edmond Gaston Tenoudji qui la louait à des familles constantinoises vivant de l'élevage de bétail et « ne devait normalement pas figurer sur la liste des habitations à démolir », avaient dénoncé et dénoncent encore ses ex-occupants. Après l'indépendance, cette ferme, habitée par plusieurs générations d'éleveurs, était partant, devenue un bien de l'Etat. Ses locataires devaient alors payer un loyer à l'OPGI et ce, jusqu'en 1985, date à partir de laquelle ils n'ont plus reçus de factures sans aucune explication, selon eux, à ce sujet. « Pour nous, le préjudice est avant tout moral, avant qu'il ne soit financier », affirme un membre des familles ayant vécu dans cette ex-ferme, affirmant que, depuis la démolition, celles-ci n'ont été ni relogées ni indemnisées. Selon lui, « les autorités se sont cachées derrière le programme d'éradication de l'habitat précaire initié par le président de la République pour démolir cette ferme, qui n'a pourtant rien d'un bidonville. Les services du wali ont enfreint toutes les lois et la justice consolide cette décision ». Visiblement outré par le jugement rendu durant l'été 2004 par la chambre administrative de la cour de Constantine, notre interlocuteur se demande à ce propos si la justice ne serait pas « complice » en faisant fi de la plainte des familles délogées. Une plainte déposée, pour rappel, en février 2004 à l'encontre du président de l'APC et du wali de Constantine pour « abus d'autorité ». Aujourd'hui encore, les plaignants restent persuadés d'avoir été lésés par les officiels locaux et assimilent l'affaire de la ferme Tenoudji à celle de Souika où plusieurs habitations ont été récemment démolies sur instruction des autorités, accusant ces dernières de « transgresser toutes les lois ».