En dépit des instructions du président de la République à l'adresse des hommes de loi, en matière d'application de ces mêmes lois de la République, des injustices sont régulièrement commises aux dépens d'honnêtes citoyens qui continuent, malgré tout, à croire en la justice de leur pays. L'histoire de la famille Ouaked, dont le père est un moudjahid qui a répondu favorablement à l'appel du 1er Novembre 1954, est un cas flagrant de hogra qu'il convient de signaler. El Hadj Ouaked, muni d'un dossier éloquent, explique en effet que lui et ses frères et sœurs sont nés à l'ex-ferme Pasteur, aujourd'hui quartier Aissat- Idir, comme l'attestent les documents qu'il nous a présentés et confirmés par le recensement de 1983. Dans la discrétion la plus totale, une dame résidant à Bouzaréah achète, en 1997, le terrain en question d'une superficie de 248m2, un acte qualifié par El-Hadj Ouaked de corruption en montrant du doigt le DEC et le responsable de l'agence foncière. “Ma famille est alors soumise à d'énormes pressions pour évacuer les lieux, en échange d'un lot de 248m2 à Bouchaoui”, dira-t-il. La dame revend par la suite le terrain pour la somme modique de 800 000 DA (le m2 vaut 12 000 DA, au bas mot, à Chéraga) au profit d'un entrepreneur, en 1999. Selon le plaignant, ce dernier serait propriétaire de plusieurs résidences dans d'autres communes. C'est à partir de là que les vrais ennuis commencent pour la famille Ouaked, qui se voit harceler par le nouvel acquéreur, de quitter les lieux en faisant actionner la justice. Le tribunal de Chéraga tranche dans son jugement du mois d'août 2004 : l'expulsion de la famille, sans tenir compte ni de l'arrêté de la Cour suprême ni des pièces du dossier de fond (certificat de résidence, décision d'attribution du lot de Bouchaoui. Le plus aberrant dans cette affaire est que la partie adverse affirme avoir le siège de sa société au n°4 du quartier Aïssat-Idir, alors que cette dernière se trouve sur une route différente comme le confirme le jugement de la Cour suprême du 08 juin 2002. D'ailleurs, cette adresse est exploitée actuellement par un commerce de gros en droguerie et produits d'entretien.“Comment peut-on prononcer une expulsion contre une famille dont les membres sont nés et résident toujours à la même adresse ? !”, s'insurge Hadj Ouaked, qui a saisi à l'occasion le premier magistrat du pays afin que son cas soit justement étudié. A. F.