Malgré les arrestations, les auditions et les P-V des services de police, des hommes et des femmes ne veulent pas lâcher prise jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Les familles expulsées de l'avenue de Roumanie n'en démordent pas. Une trentaine de ses ménages ont entamé, dans la nuit d'hier, une grève de la faim, ultime moyen, selon eux, pour amener les autorités locales à sortir de leur silence et à les informer sur le sort des recours déposés suite à l'opération de relogement des 690 familles vers la nouvelle ville Ali Mendjeli. Une quarantaine de femmes et plus d'une soixantaine d'hommes, accompagnés d'enfants, et même des bébés, ont élu domicile dans ce quartier. Brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire l'inscription suivante : « les habitants exclus de l'avenue de Roumanie en grève de la faim », les grévistes se sont opposés, dans la matinée, aux éléments de la police anti-émeute, qui ont failli, nous affirment-ils, conduire un des leurs au siège de la sûreté de wilaya. « Il voulait uniquement empêcher ces agents de confisquer les banderoles que nous avons accrochées », souligne l'un des grévistes, qui n'a pas manqué d'évoquer le comportement un peu violent de la police. Finalement, ces banderoles-là ont été confisquées suite à des ordres venus d'en haut. D'ailleurs, les policiers empêcheront par la suite les grévistes de brandir d'autres banderoles. Il faut souligner que depuis samedi dernier, ces familles investissent ce quartier, elles sont allées jusqu'à installer des tentes en signe de protestation contre « l'injustice de l'administration, qui ne semble pas se soucier de notre situation après notre expulsion abusive », selon leurs mots. Une dizaine de femmes, rappelons-le, ayant bloqué la route à la circulation, le week-end passé au niveau de ce même quartier, avec des pierres et des barres de fer, avaient été conduites par la force au siège de la sûreté de wilaya, où elles avaient été auditionnées. Le même sort sera réservé, le lendemain, à sept autres anciens habitants, qui seront interrogés par la police pendant 4 heures de temps. « Maintenant, nous nous considérons comme des SDF », dira furieusement une sexagénaire, parmi les femmes grévistes, qui se sont regroupées sous un arbre pour fuir un soleil de plomb. Au moment où nous étions sur place, les éléments de la Protection civile se sont rendus sur les lieux pour évacuer à l'hôpital deux femmes, dont l'une s'est évanouie, et l'autre souffrait d'un problème de tension artérielle.