Les déboires de Mohamed Babanedjar, condamné à perpétuité pour homicide volontaire, n'en finissent pas. Selon un communiqué publié par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), des membres de la famille de Mohamed Babanedjar ont exprimé leur inquiétude quant à l'état de santé de leur fils après son transfert inopiné de la prison de Berrouaghia. Le président du bureau de la Laddh, à Ghardaïa, Kameleddine Fekhar, soupçonne un transfèrement en rapport avec la visite d'une délégation de la Croix-Rouge internationale à cette prison. Après plusieurs jours de recherches, relate le représentant de la Laddh, la famille de Babanedjar a pu le localiser à la prison Babar de Khenchela. « Elle apprendra que son fils fait l'objet de sévices dans ce lointain établissement pénitencier. Devant ces atteintes à ses droits et suite à la réponse provocante d'un responsable de la prison à ses plaintes : "Crève, ton sort ne nous intéresse pas !" », raconte le militant du parti FFS. A en croire le communiqué de la LADDH, la décision de Mohamed Babanedjar d'observer une grève de la faim illimitée aura pour effet de « durcir » l'attitude de l'administration pénitentiaire. « Il sera jeté dans une cellule d'isolement, les poignets enchaînés, alors qu'il est en grève de la faim », dénonce Fekhar. Le représentant de la LADDH a rappelé que le cas de Mohamed Babanedjar doit faire l'objet d'un « suivi particulier » d'autant que des « informations sûres » font état que l'unique témoin à charge dans cette affaire « mentait ». Le fait est que Mohamed Babanedjar, 26 ans, a été condamné en mai 2009 en appel par la cour de Médéa à la perpétuité pour homicide par immolation, perpétré contre le responsable du Croissant-Rouge algérien dans la commune de Ghardaïa, pendant le mois de Ramadhan de l'année 2005. Il a été accusé alors d'être responsable de cet attentat. L'accusé, militant du Front des forces socialistes et de la Ligue des droits de l'homme, a été jugé pour des événements qui se sont déroulés durant les émeutes qui avaient secoué la vallée du M'zab. La Ligue des droits de l'homme n'a cessé de souligner l'injustice de ce verdict, arguant du fait que « Mohamed soit devenu un exemple pour le règlement de comptes politiques entre le pouvoir et les partis de l'opposition ». Déjà, en novembre 2008, la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme a demandé l'ouverture d'une enquête sur la torture du jeune Babanedjar Mohamed dans la prison de Ghardaïa et appelé à créer « des mécanismes juridiques restrictifs pour punir les responsables laxistes avec la torture et ceux qui en font abstraction ». En ce temps-là, la ligue avait également reçu une plainte de la part du père du jeune, indiquant que son fils « a été torturé et lynché à l'intérieur de la prison ».