L'indignation et la colère étaient au rendez-vous au quartier populaire de Bir Youcef, un certain 13 mai 2009. Une vieille dame, Khadoudja kadri, âgée de 104 ans, expulsée de la maison qu'elle occupait depuis 1947, rassemblait avec ses mains frêles ses vêtements et quelques petits souvenirs sous le regard imperturbable d'un huissier de justice. Elle, qui en a vu de ces scènes de hogra, quitte les lieux, sans dire un mot, sans demander pitié aux autres et sans montrer le moindre signe d'affolement. Lucide et encore vigoureuse, la centenaire n'a rien perdu de sa dignité de femme ni des us et coutumes de Souk Ahras. Elle ne se sépare jamais de sa melaya, même pendant les moments de grandes peines et de détresse, et ne parle qu'après avoir longuement écouté. La même date a connu l'expulsion d'une voisine octogénaire dans les mêmes conditions. D'ailleurs, un regroupement des voisins du quartier avait failli, ce jour-là, dégénérer en émeute, tellement la scène était affligeante. Une année après, les deux vieilles dames sont SDF et les maisons libérées par la force publique sont encore en situation contentieuse puisque d'après les deux familles concernées par l'arrêté d'expulsion, en l'occurrence Kadri et Djekboub, les deux demeures sont sans propriétaire légal.