Les expulsions qui touchaient certaines catégories de résidents, particulièrement les fonctionnaires bénéficiant de logements de fonction, touchent actuellement d'autres franges de la société. Aujourd'hui, même les personnes vulnérables telles que les personnes âgées, les enfants et les femmes ne sont plus à l'abri de ces expulsions, malgré l'existence de lois qui les protègent. En effet, l'article 507 bis du 13 mai 2007 stipule que «les personnes physiques âgées de soixante ans révolus à la date de la publication de la présente loi, et qui peuvent prétendre au droit au maintien dans les lieux à usage d'habitation au titre de la législation antérieure, continueront d'en bénéficier jusqu'à leur décès». Toutefois, «ce droit ne bénéficie ni aux héritiers ni aux personnes vivant avec elles». Cependant, sur le terrain, la réalité est toute autre. En effet, ces personnes âgées ne bénéficient d'aucune protection malgré leur âge avancé. Ainsi, nombre d'entre elles sont jetées dans la rue comme de vieux meubles. «Avant de prononcer un verdict d'expulsion, la justice doit ouvrir une enquête pour éclaircir certaines choses», a déclaré M. Benmouhoub lors d'une conférence de presse sur les expulsions qui a eu lieu, hier, au siège de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme. Parmi les personnes expulsées dernièrement, figure une vieille dame âgée de 104 ans dans la wilaya de Souk Ahras. Une autre, âgée de 93 ans et dont le fils est journaliste à la Radio nationale, a été également expulsée du logement – dont elle payait le loyer – qu'elle occupait depuis les années soixante avec son fils. Cette dame a fait plusieurs demandes de logement, dont la première remonte à 1987, mais elle n'a rien obtenu. Son fils a adressé plus de 20 lettres à plusieurs ministères et administrations, mais il n'a pas eu de suite à ses doléances. «Je vois ma mère de 93 ans en train de mourir et cela me déchire», a-t-il dit entre deux sanglots. Outre les personnes âgées, les enfants sont également victimes de ces expulsions. En effet, beaucoup dorment sur les trottoirs ou dans les cages d'escaliers après que leurs familles furent jetées dans la rue. «Comment voulez-vous que mes enfants révisent leurs leçons ou poursuivent leurs études à la prochaine rentrée scolaire alors qu'ils vivent avec moi dans la rue ?», a déploré un père de famille de Miliana, jeté, lui et sa famille, dans la rue depuis quelques jours. «Nos affaires sont sur le trottoir, ma femme s'est réfugiée chez des proches, alors que moi et mes enfants nous sommes dans la rue», a-t-il poursuivi. A cause de ces expulsions, de nombreuses familles sont déchirées ; ainsi les unes se sont réfugiées chez des proches, alors que celles qui n'en ont pas, vivent sur les trottoirs.