Avec le temps, la nostalgie a disparu un peu, et c'est normal. On ne doit pas regarder en arrière, en plus notre vie est ici. Mais, nous aimons toujours notre pays ! » Ils sont près d'un millier dans la province de Gauteng dont fait partie la capitale administrative Pretoria, connue par le surnom Jacarandas, en référence aux milliers d'arbres qui donnent une teinture mauve à la ville. Pretoria (Afrique du Sud). De notre envoyé spécial Située à 1500 mètres d'altitude et peuplée de 500 000 habitants, elle englobe 13 anciennes structures administratives dont les villes anciennement blanches de Centurion, Townships… Pretoria est majoritairement blanche et Africaner (les Africaner sont des Africains blancs d'origine néerlandaise, française, allemande et scandinave). Mais comment diantre, nos compatriotes ont atterri dans ce pays anglophone au brassage réussi ? Hocine, Karim, Mohamed, Nacer, Abdallah, Ouassini… Ils sont de Tébessa, Tipasa, Kabylie, Maghnia… Ils sont âgés entre 28 et 45 ans. Ils sont commerçants, ingénieurs et… débrouillards. Tous disent avoir atterri au pays de Mandela par destin. « S'exiler n'exige pas de destinations précises, là où l'on trouve un moyen de vivre, il ne faut pas réfléchir deux fois. Il y a ceux qui sont en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne, nous, nous sommes en Afrique du Sud, dans notre continent », explique Karim, portant un maillot de l'équipe nationale, événement oblige. Et le problème de la langue ? « Pensez-vous qu'un harrag pense à la langue avant d'embarquer dans sa barque ? On connaît tous des bribes d'une langue et puis, une fois arrivés sur place, il y a toujours quelqu'un pour nous apprendre à s'adapter dans un pays », dit-il philosophique. Hocine Tébessi, tenant une boutique sur Burnett Street, est peu-être le plus ancien de la diaspora algérienne dans la province de Gauteng : « Cela fait 10 ans que je suis ici et je me sens bien dans ma peau. » Hocine est connu de la population. « Mais, rassurez-vous, je ne me marierai qu'au pays. » Pas très bavard, notre ami. Il ajoute tout de même : « A Pretoria, vous ne ressentez pas le dépaysement, la population en général est pacifiste, mais il n'est pas conseillé non plus de trop s'aventurer la nuit dans les quartiers isolés. A Johannesburg, c'est pire ! » Nacer, la quarantaine, intervient : « L'imam de la mosquée est Algérien, cela prouve que dans ce pays, l'Algérien est vite adopté, contrairement aux autres pays du monde ! » Difficile de leur soutirer plus d'informations, comme si tous ces Algériens qui ont subitement débarqué d'Alger pour supporter les Fennecs les ont pris de court. « Nous sommes très heureux d'accueillir nos concitoyens, pour une fois, nous nous sentons comme chez nous. Regardez, n'est-ce pas beau ? On dirait que Pretoria est une ville algérienne », affirme souriant Hocine.