Les dix laiteries privées, activant dans la wilaya de Béjaïa, ont repris leur activité après qu'une rencontre ait été programmée pour aujourd'hui entre les transformateurs et le ministre de tutelle. La perturbation qu'a connue ces jours-ci l'approvisionnement du marché local en lait en sachet risque néanmoins de se reproduire. Les doléances des protestataires restent posées. « Nous avons préféré reprendre l'activité pour ne pas pénaliser les consommateurs. Cela ne nous réjouit pas mais s'il n'y a pas de solution, il n'est pas exclu que nous observions un autre arrêt de travail », nous a déclaré M. Zeggane, patron de la laiterie La Vallée. En rupture de ban avec la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), les patrons de cette dizaine de laiteries du centre du pays estiment qu'ils n'ont pas été associés à l'élaboration de la convention décidant de délimiter le périmètre de commercialisation à l'intérieur du territoire de la wilaya d'implantation. Basée dans la ville de Tazmalt, La Vallée ne peut pas commercialiser son lait, par exemple, dans la toute proche ville de Chorfa (Bouira) sans une autorisation dûment établie par le ministère. Une restriction qui va à l'encontre des principes de l'économie du marché, estiment les protestataires. « Dans la pratique, les laiteries étatiques ne sont pas touchées par cette délimitation ni même par le système des quotas », estime M. Zeggane, qui exprime l'adhésion de ses collègues à la politique de l'Etat visant à réduire la facture d'importation de la poudre de lait. « Mais il faut mettre tout le monde sur un pied d'égalité », objecte-t-il. En application de cette politique de réduction de la facture d'importation, l'Etat s'appuie sur la filière du lait cru. Pour ce faire, la répartition des quotas en poudre de lait se fait en prenant compte des quantités du lait cru collectées. Or, selon notre interlocuteur, il n'y a pas autant de litres de lait cru collectés que ce que montrent les statistiques qui parviennent au ministère de tutelle. Pour M. Zeggane, il y a aussi contradiction entre les deux démarches. « Transformer, pasteuriser et mettre en sachet le lait cru reviendrait à 45 DA le litre. Qui parmi les consommateurs préférerait un sachet de lait à 50 DA à celui subventionné de 25 DA ? », se demande le responsable de la laiterie La Vallée.