La coopérative théâtrale Machahu d'Iferhounene a relancé la pièce Sin nni, adaptation par Mohia de Les émigrés, de l'écrivain polonais Slawomir Mrozek. La commémoration du 15e anniversaire de la disparition, le 7 décembre 2004 à Paris, de l'auteur, parolier, dramaturge et poète d'expression amazigh, Abdellah Mohia, plus connu sous le nom de Mohia, a donné lieu à une série d'activités à la maison de la Culture Mouloud Mammeri et au Théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou, ainsi que dans son village natal, Ait Erbah, où un recueillement sur sa tombe a eu lieu samedi dernier. Outre une exposition de documents et de photos, le programme en hommage à ce personnage qui a marqué de son empreinte le 4e art en langue kabyle, comporte aussi des conférences et des représentations théâtrales ainsi qu'un concours de la meilleure dramaturgie en tamazight intitulé «Mohia d'or», organisé en collaboration avec l'APW de Tizi Ouzou, le théâtre Kateb Yacine et l'association Mouloud Feraoun. Entre autres œuvres à l'affiche en cette occasion, Sin- Nni, texte de Mohia, mise en scène et scénographie de Yousfi Sadek, interprétée par deux talentueux comédiens, Rahmouni Ouzien et Yalali Mohand Ouidir. Le prix Mohia lancé en 2014 par la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou en collaboration avec l'APW et le Théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou a été institutionnalisé en 2018 par le ministère de tutelle. L'objectif assigné à ce concours doté d'une récompense de 500 000 DA est la promotion de la pratique théâtrale et l'encouragement des jeunes à la création artistique et à l'écriture dramatique en tamazight. Il s'agit également de mettre en relief l'œuvre de Mohia et de promouvoir la langue amazighe, a indiqué la directrice de la culture, Nabila Goumeziène. «Le concours du meilleur texte dramatique Mohia d'or est ouvert à tous les auteurs dramatiques en langue tamazight au niveau national», a-t-elle rappelé. Elève de Mammeri Une commission de lecture planchera sur la sélection des textes répondant aux conditions techniques et graphiques du texte et un jury constitué de dramaturges, metteurs en scène, scénographes et universitaires spécialisés dans la littérature la linguistique et le théâtre amazigh pour le choix du lauréat du prix, a-t-elle ajouté. La date limite de dépôt des textes a été fixée pour le 27 mars de chaque année consacrée journée internationale du théâtre. La cérémonie de remise du prix aura lieu dans le cadre des festivités prévues pour la célébration du printemps amazigh, coïncidant avec le 20 avril, a-t-on précisé. Abdellah Mohia, dit Muhend U-Yahia est né le 1er novembre 1950 à Azazga. Elève de l'écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri dans les cours de tamazight que celui-ci dispensait à la faculté d'Alger, ce dramaturge, poète et traducteur de langue berbère a eu un parcours remarquable. En 1973, il intègre le groupe d'études berbères créé à l'université Paris VIII (Vincennes). Il sera un des animateurs des revues publiées par ce groupe d'universitaires : Bulletin d'études berbères (BEB) puis Tisuraf. Il a produit une vingtaine d'œuvres de 4e art entre création et adaptation. Mohia est auteur de dizaines de traductions et d'adaptations, vers le kabyle, de pièces théâtrales et de classiques universels, tels Molière, Guy de Maupassant, Samuel Beckett, Bertolt Brecht, Jules Romains, le Chinois Lu Xun, etc. Nombre de ses textes en kabyle ont été interprétés par des chanteurs de renom (Idir, Ferhat Imazighen, Ali Ideflawen, Malika Domrane, Slimane Chabi, Takfarinas…).