Les 9es journées théâtrales, en hommage au dramaturge Mohia, ont eu lieu les 6 et 7 décembre à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, au théâtre régional Kateb Yacine et au village Aït Arbah, commune d'Iboudrarène. Lors de cette rencontre dédiée au 4e art, il a été procédé également à la remise des distinctions aux lauréats du concours du Prix Mohia d'or, de la meilleure dramaturgie en tamazight. Le programme des activités a comporté des conférences sur la vie et l'œuvre de Mohia. Mme Guelma Zahia (université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou) a abordé «L'œuvre plurielle de Mohia». Chelli Tinhinane et Charfa Zahia (département de langue et culture amazighes) se sont intéressés à la langue de Mohia à travers l'étude de deux pièces de théâtre. Saïd Chemakh, maître de conférences, est revenu sur la nécessité d'éditer l'œuvre de cet homme de théâtre. Les autres communications ont porté sur la transcription des textes oraux de Mohia (Temmam Djouher), la poésie de Mohia entre traduction et production (Ayad Boukhalfa), le théâtre de Mohia (Amar Laoufi, maître-assistant, doctorant en littérature berbère). Le programme tracé par les organisateurs a prévu en outre un recueillement, jeudi, sur la tombe du défunt dramaturge, ainsi qu'un récital poétique de Kadir Meddour. Elève de Mammeri dans les cours de tamazight que celui-ci dispensait à la fac d'Alger Muhend U-Yahia ou Abdellah Mohia, de son vrai nom, a eu un parcours remarquable. En 1973, il intègre le groupe d'études berbères. Il produira une vingtaine de pièces théâtrales entre création et adaptation. Il est l'auteur de dizaines de traductions et d'adaptations, vers le kabyle, de pièces théâtrales et de classiques universels, tels que Molière, Guy de Maupassant, Samuel Beckett, Bertolt Brecht, Jules Romains, le Chinois Lu Xun, etc. Nombre de ses textes en kabyle ont été interprétés par des chanteurs de renom (Idir, Ferhat Imazighen, Ali Ideflawen, Malika Domrane, Slimane Chabi, Takfarinas…). Né en 1950 à Azazga, Mohia est décédé le 7 décembre 2004 en France. Il avait 54 ans. «L'œuvre de Mohia est diverse. En effet, cet auteur et traducteur a touché à de nombreux genres. Certes, de nombreuses pièces de théâtre connues et/ou reconnues de par le monde sont devenues sous sa plume des œuvres ‘‘kabyles''», a souligné l'universitaire Saïd Chemakh. Il a ajouté: «Mohia a aussi produit lui-même des poèmes, de courts textes, comme il s'est aussi consacré au recueil des proverbes… Toute cette œuvre est publiée sous forme d'articles dans des revues (Bulletin d'études berbères, Tisuraf…), de cassettes audio, petits opuscules, films vidéo, etc. Une autre partie demeure inédite et difficile à localiser, il y a lieu de réfléchir à réunir et rééditer l'ensemble de son œuvre pour qu'elle soit accessible au grand public et aux chercheurs. C'est l'unique moyen de la soustraire à la perte et à l'oubli.»