«Une grande partie des créateurs algériens sont en exil. Mohia est un de ceux-là. C'est un homme extraordinaire, il est devenu épicier, mais c'est un poète. Il écrit en tamazight. Il a traduit Beckett, Pirandello… Des hommes comme lui montrent que cette langue est vivante», Kateb Yacine. «Une grande partie des créateurs algériens sont en exil. Mohia est un de ceux-là. C'est un homme extraordinaire, il est devenu épicier, mais c'est un poète. Il écrit en tamazight. Il a traduit Beckett, Pirandello… Des hommes comme lui montrent que cette langue est vivante», Kateb Yacine. Mohia-Esquisses d'un portrait est la nouvelle publication des éditions Achab de Tizi-Ouzou et est actuellement disponible à Alger. Ce livre est une réédition du numéro spécial consacré en 2006 au dramaturge Abdallah Mohia, par la revue Tifin de littératures berbères, dirigée par Mohand Lounaci en France. A l'image de la première publication, le livre aborde dans le chapitre «Evocation» l'écrivain et poète kabyle en trois parties distinctes. La première est consacrée à une époque ayant parqué l'auteur «Mohia 70 : le groupe d'études » à travers laquelle plusieurs universitaires font un témoignage poignant d'un homme au service de la culture berbère. C'est d'ailleurs, ce qu'a écrit l'universitaire Mohand Ouamar Ousalem qui revient sur ces années dans un témoignage en tamazight. Puis vient la seconde partie avec «Mohia 80 : l'expérience du théâtre » avec notamment la contribution de Paulette Galand-Pernet. La seconde partie aborde l'expérience de Mohia dans l'adaptation de grand classique du théâtre «Mohia 90 : le groupe de traduction». une période relatée par, notamment, Nadia Ioualitène qui aborde aussi les années 90 et la mise en place du groupe de traduction vers le tamazight. Puis vient le chapitre les «Documents», dans lequel une centaine de pages offrent des références sur Mohia. Dans Mots berbères, les lecteurs de Tifin retrouvent l'univers de Chacal, l'un des personnages clé de la littérature berbère orale et écrite. La rubrique «Créations» quant à elle, elle propose des textes, l'un kabyle et l'autre chleuh avec leur traduction en français. Les pages «Lectures» annoncent les derniers ouvrages commentés par Tifin en partenariat avec le portail Mondeberber.com. Mohia, disciple de Mammeri Le regretté Mohand Ouyahia, de son vrai nom Mohia Abdellah est, incontestablement, le militant qui aura marqué la production poétique et théâtrale d'expression kabyle. Mohia voit le jour à Azazga un certain 1er novembre 1950, soit quatre ans avant le déclenchement de la guerre de Libération. Issu d'une famille de montagnards originaire du village Ath Eurbah dans la commune d'Iboudrarene, Mohia s'abreuve à la culture du terroir, notamment la sagesse transmise oralement. Il poursuit ses études secondaires au lycée Amirouche de Tizi-Ouzou en 1968 pour rejoindre l'université d'Alger et obtenir, en 1972, une licence en mathématiques. Son succès dans un concours lui ouvrit les portes de l'Hexagone où il s'installa l'année suivante. A l'université Paris VIII, il se montre particulièrement actif en rejoignant des groupes d'études et en animant des bulletins et des revues. Il constitue, avec un groupe d'amis, un atelier de traduction-adaptation. Sa vie se confond avec son parcours et son œuvre, et c'est, tout naturellement, que nous abordons cette œuvre. Littérature, poésie, théâtre, adaptations, traductions : Mohia n'en délaisse aucun aspect et apporte son grain au moulin de la production et de la promotion de tamazight. Dès son accession à l'université d'Alger, il se met à produire tout en participant au combat identitaire. Il assiste aux cours de berbère dispensés par Mouloud Mammeri. Les premiers pas, Mohia les fit en tant que poète et plusieurs de ses textes sont interprétés par beaucoup d'artistes kabyles, entre autres Idir, Ferhat Imazighen, Ali Ideflawen, Malika Domrane, Slimane Chabi, Takfarinas… Il est vrai que bon nombre de ses poèmes restent, à ce jour, inédits. Les nouvelles et les contes n'ont pas été, du reste, négligés dans son œuvre. Timucuha (contes) qui constituent le véritable gisement de la culture orale berbère ont été fortement travaillés par Mohia : Tamacahut n Iqannan (histoire des nains), Tamacahut n yes yal (histoire des ânes), Asmi nxeddem le théâtre (quand on jouait au théâtre) et bien d'autre. Aussi,il préfaçe plusieurs publications et élabore plusieurs essais, notamment sur la chanson kabyle. Il collabore à vulgariser, à travers des publications militantes (revues et bulletins), les aspects de la culture kabyle. Cependant, c'est dans la traduction et le théâtre que Mohia est considéré comme un pionnier. D'autant que ses débuts remontent à son passage au lycée Amirouche où il anime, avec un groupe de lycéens, une troupe théâtrale qui subit l'ostracisme de l'administration qui y voyait une véritable menace. Le hasard faisant bien les choses, fit rencontrer les anciens du lycée à l'université d'Alger où ils constituèrent ce qui fut appelé, à l'époque, «Le cercle des étudiants de Ben-Aknoun». Beckett, Pirandello, Molière parlent en kabyle Le déclic fut, en quelque sorte, la pièce de Kateb Yacine Mohamed prends ta valise qui révolutionna les esprits. Mohia traduisit alors en kabyle Morts sans sépulture de J.-P. Sartre puis, avec Momoh Loukad cette fois-ci, La pute respectueuse du même auteur. En 1974, il adapta L'exception et la règle de Brecht (Llem-ik, Ddu d udar-ik) qu'il publia aux éditions Tala. Dans la préface, Mohia insistait, déjà, sur la nécessité de produire en tamazight. L'autre œuvre de Brecht que Mohia adapta fut La décision (annegaru ad d-yerr tabburt). Le Printemps berbère donna du punch à Mohia et attisa sa flamme militante. C'est ainsi qu'il mit les bouchées doubles et adapta plusieurs autres œuvres relevant du patrimoine universel notamment Le ressuscité (Muhand Ucaâban) du célèbre écrivain chinois Lu Xun, la Jarre (traduction française la Giara de Pirandello devenu, en kabyle, Tacbaylit. Tartuffe de Molière et Ubu Roi d'Alfred Jarry sont aussi adaptées en 1984 sous les titres respectivement de Si Partuf et Èasbibi. Suivirent Médecin malgré lui de Molière et En attendant Godot de Samuel Beckett sous les titres Si Lehlu et Am win yettrajun Rebbi. Quatre autres adaptations phares voient le jour : Si nistri (la Farce de maître Patelin, composée au 13e siècle par un inconnu), Les fourberies de Scapin et Le malade imaginaire de Molière qui restèrent au stade du manuscrit, Knockde Jules Romain (manuscrit). Il élargit son œuvre en s'intéressant aux autres cultures notamment grecque et chinoise, et adapta Entre les émigrés de Mrozeck, la pièce en Sin nni et la véritable histoire de Ahq n Muh Terri. Mohia-Esquisses d'un portrait est la nouvelle publication des éditions Achab de Tizi-Ouzou et est actuellement disponible à Alger. Ce livre est une réédition du numéro spécial consacré en 2006 au dramaturge Abdallah Mohia, par la revue Tifin de littératures berbères, dirigée par Mohand Lounaci en France. A l'image de la première publication, le livre aborde dans le chapitre «Evocation» l'écrivain et poète kabyle en trois parties distinctes. La première est consacrée à une époque ayant parqué l'auteur «Mohia 70 : le groupe d'études » à travers laquelle plusieurs universitaires font un témoignage poignant d'un homme au service de la culture berbère. C'est d'ailleurs, ce qu'a écrit l'universitaire Mohand Ouamar Ousalem qui revient sur ces années dans un témoignage en tamazight. Puis vient la seconde partie avec «Mohia 80 : l'expérience du théâtre » avec notamment la contribution de Paulette Galand-Pernet. La seconde partie aborde l'expérience de Mohia dans l'adaptation de grand classique du théâtre «Mohia 90 : le groupe de traduction». une période relatée par, notamment, Nadia Ioualitène qui aborde aussi les années 90 et la mise en place du groupe de traduction vers le tamazight. Puis vient le chapitre les «Documents», dans lequel une centaine de pages offrent des références sur Mohia. Dans Mots berbères, les lecteurs de Tifin retrouvent l'univers de Chacal, l'un des personnages clé de la littérature berbère orale et écrite. La rubrique «Créations» quant à elle, elle propose des textes, l'un kabyle et l'autre chleuh avec leur traduction en français. Les pages «Lectures» annoncent les derniers ouvrages commentés par Tifin en partenariat avec le portail Mondeberber.com. Mohia, disciple de Mammeri Le regretté Mohand Ouyahia, de son vrai nom Mohia Abdellah est, incontestablement, le militant qui aura marqué la production poétique et théâtrale d'expression kabyle. Mohia voit le jour à Azazga un certain 1er novembre 1950, soit quatre ans avant le déclenchement de la guerre de Libération. Issu d'une famille de montagnards originaire du village Ath Eurbah dans la commune d'Iboudrarene, Mohia s'abreuve à la culture du terroir, notamment la sagesse transmise oralement. Il poursuit ses études secondaires au lycée Amirouche de Tizi-Ouzou en 1968 pour rejoindre l'université d'Alger et obtenir, en 1972, une licence en mathématiques. Son succès dans un concours lui ouvrit les portes de l'Hexagone où il s'installa l'année suivante. A l'université Paris VIII, il se montre particulièrement actif en rejoignant des groupes d'études et en animant des bulletins et des revues. Il constitue, avec un groupe d'amis, un atelier de traduction-adaptation. Sa vie se confond avec son parcours et son œuvre, et c'est, tout naturellement, que nous abordons cette œuvre. Littérature, poésie, théâtre, adaptations, traductions : Mohia n'en délaisse aucun aspect et apporte son grain au moulin de la production et de la promotion de tamazight. Dès son accession à l'université d'Alger, il se met à produire tout en participant au combat identitaire. Il assiste aux cours de berbère dispensés par Mouloud Mammeri. Les premiers pas, Mohia les fit en tant que poète et plusieurs de ses textes sont interprétés par beaucoup d'artistes kabyles, entre autres Idir, Ferhat Imazighen, Ali Ideflawen, Malika Domrane, Slimane Chabi, Takfarinas… Il est vrai que bon nombre de ses poèmes restent, à ce jour, inédits. Les nouvelles et les contes n'ont pas été, du reste, négligés dans son œuvre. Timucuha (contes) qui constituent le véritable gisement de la culture orale berbère ont été fortement travaillés par Mohia : Tamacahut n Iqannan (histoire des nains), Tamacahut n yes yal (histoire des ânes), Asmi nxeddem le théâtre (quand on jouait au théâtre) et bien d'autre. Aussi,il préfaçe plusieurs publications et élabore plusieurs essais, notamment sur la chanson kabyle. Il collabore à vulgariser, à travers des publications militantes (revues et bulletins), les aspects de la culture kabyle. Cependant, c'est dans la traduction et le théâtre que Mohia est considéré comme un pionnier. D'autant que ses débuts remontent à son passage au lycée Amirouche où il anime, avec un groupe de lycéens, une troupe théâtrale qui subit l'ostracisme de l'administration qui y voyait une véritable menace. Le hasard faisant bien les choses, fit rencontrer les anciens du lycée à l'université d'Alger où ils constituèrent ce qui fut appelé, à l'époque, «Le cercle des étudiants de Ben-Aknoun». Beckett, Pirandello, Molière parlent en kabyle Le déclic fut, en quelque sorte, la pièce de Kateb Yacine Mohamed prends ta valise qui révolutionna les esprits. Mohia traduisit alors en kabyle Morts sans sépulture de J.-P. Sartre puis, avec Momoh Loukad cette fois-ci, La pute respectueuse du même auteur. En 1974, il adapta L'exception et la règle de Brecht (Llem-ik, Ddu d udar-ik) qu'il publia aux éditions Tala. Dans la préface, Mohia insistait, déjà, sur la nécessité de produire en tamazight. L'autre œuvre de Brecht que Mohia adapta fut La décision (annegaru ad d-yerr tabburt). Le Printemps berbère donna du punch à Mohia et attisa sa flamme militante. C'est ainsi qu'il mit les bouchées doubles et adapta plusieurs autres œuvres relevant du patrimoine universel notamment Le ressuscité (Muhand Ucaâban) du célèbre écrivain chinois Lu Xun, la Jarre (traduction française la Giara de Pirandello devenu, en kabyle, Tacbaylit. Tartuffe de Molière et Ubu Roi d'Alfred Jarry sont aussi adaptées en 1984 sous les titres respectivement de Si Partuf et Èasbibi. Suivirent Médecin malgré lui de Molière et En attendant Godot de Samuel Beckett sous les titres Si Lehlu et Am win yettrajun Rebbi. Quatre autres adaptations phares voient le jour : Si nistri (la Farce de maître Patelin, composée au 13e siècle par un inconnu), Les fourberies de Scapin et Le malade imaginaire de Molière qui restèrent au stade du manuscrit, Knockde Jules Romain (manuscrit). Il élargit son œuvre en s'intéressant aux autres cultures notamment grecque et chinoise, et adapta Entre les émigrés de Mrozeck, la pièce en Sin nni et la véritable histoire de Ahq n Muh Terri.