Si la légende attribue au colonel Drake la découverte du pétrole grâce à un forage dans la ville de Titusville en Pennsylvanie en 1859, la réalité est tout autre. L'histoire du pétrole a commencé à être écrite à Bakou, l'actuelle capitale de l'Azerbaïdjan. Un puits de 35 mètres de profondeur a été creusé en 1594 à Balakhany par Allahyarmammad Nuroglu, selon une inscription trouvée dans le puits, selon un historique consigné dans le « Caspian Energy Centre », situé dans le terminal pétrolier de Sangachal opéré par BP. Entre 1636 et 1683, un voyageur allemand, Adam Olearius (1603-1671), et le secrétaire de l'ambassade de Suède en Perse, Engelbert Kaempfer (1651-1716) ont décrit des puits à Bakou. En 1798, du pétrole a été extrait à partir de deux puits dans la Baie de Bibiheybat à une distance située entre 18 et 30 mètres du rivage de la mer Caspienne à Bakou. Entre 1820 et 1830, le raffinage industriel du pétrole a commencé et une machine de distillation pour obtenir du kérosène a été inventée à Bakou. La première raffinerie de pétrole a commencé ses opérations dans la région de Balakhany. A partir de 1873, les frères Nobel et les Rotchild détenaient déjà des puits, des raffineries, des tankers, des barges, des chemins de fer et des hôtels à Bakou. Le premier tanker de transport de pétrole dans le monde, le Zoroastr, propriété de Ludwig Nobel, fut construit en Suède. Entre 1897 et 1907, on recensait déjà plus de 3000 puits de pétrole à Bakou. Entre 1897 et 1907, la Russie (Empire) devenait le premier producteur de pétrole dans le monde avec 95% de la production à partir des puits de l'Azerbaïdjan. Entre 1899 et 1901, Bakou produisait 11 millions de tonnes par an de pétrole, soit 50 % de la production mondiale de pétrole. Entre 1918 et 1921, les Soviets nationalisèrent l'industrie du pétrole. La première production de pétrole en offshore a débuté en 1947. En 1920, fut créé l'Institut polytechnique de Bakou qui est devenu le premier établissement d'études supérieures en Europe et en Asie pour la formation des scientifiques et des ingénieurs de l'industrie du pétrole. On l'appelle aussi l'Académie du pétrole. Fondée en 1920, elle compte actuellement 6232 étudiants, 745 professeurs. Elle forme des spécialistes, ingénieurs en pétrole, au sein de 8 facultés : économie et gestion de l'industrie pétrolière, technologie chimique, énergétique, géologie et prospection géophysique des gisements de gaz et de pétrole, exploration et forage, construction des machines pour l'industrie du gaz et du pétrole, automatisation et gestion des processus industriels, relations économiques internationales. Les Azerbaïdjanais n'oublient pas de rappeler que le pétrole qui jaillit de sous terre un peu partout à Bakou et dans ses environs et le gaz ont donné lieu à la création d'une religion, celle des « adorateurs du feu » pour laquelle un temple a été érigé. Le Temple Ateshgah à Surakhany qui se trouve non loin de Bakou et qui attire toujours les touristes. Ces richesses, les Azéris entendent bien les négocier. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Hafiz Pashayev, également recteur de l'Académie azerbaïdjanaise de diplomatie refuse le qualificatif de pro-américain pour l'Azerbaïdjan. « Situé au carrefour des intérêts d'anciens empires russe, perse et romain, notre pays essaye d'être l'ami de tout le monde, et notre diplomatie fait de la paix dans la région son cheval de bataille » nous a-t-il expliqué. « Nous vivons dans une sphère d'influence de plusieurs anciens empires russe, perse, romain et turc », a-t-il indiqué en ajoutant que « notre région est un véritable cas d'école pour les sciences politiques, ce qui nous oblige à être l'ami de tout le monde en concluant des accords de livraison de gaz et de pétrole avec les Russes, les Iraniens, l'UE, la Turquie et la Géorgie. » Le seul problème auquel l'Azerbaïdjan est confronté est celui du conflit avec son voisin, l'Arménie. L'Arménie occupe la région du Nagorny Karabakh qui représente 20% du territoire de l'Azerbaïdjan après une guerre qui a fait 30 000 morts et 1 million de réfugiés azéris. Pour le diplomate azéri, « le lobby arménien a usé de son influence auprès de la France et des USA pour geler l'application de quatre résolutions de l'ONU exigeant le retrait immédiat de l'Arménie de ce territoire, et je suis désolé de dire que 17 années après, le problème est toujours posé et la communauté internationale ne fait pas assez ».