Rien ne fera plier notre hirak». Ainsi les enseignants universitaires impliqués dans le hirak et organisés dans le cadre du collectif national ont choisi de titrer leur déclaration, en réaction aux violences enregistrées lors du 45e vendredi et le recours aux baltaguia pour terroriser les manifestants pacifiques. «Nous, universitaires – engagés individuellement ou collectivement – signataires de cette déclaration, nous nous joignons à l'ensemble de la population algérienne qui s'est insurgée contre les violences enregistrées lors de la 45e marche hebdomadaire du hirak à Oran, Annaba, Bordj Bou Arréridj, Constantine», écrivent-ils dans ce document daté du 29 décembre. En effet, et comme rapporté dans nos précédentes éditions, le 45e vendredi du hirak a été particulièrement marqué dans plusieurs villes par des agressions d'un nouveau type faites par des groupes de jeunes missionnés pour violenter les manifestants et empêcher les marches. Les signataires disent halte à la répression des aspirations légitimes du peuple et considèrent que «la violence et l'agressivité exprimées par des Algériens envers leurs concitoyens s'inscrivent dans la continuité des politiques menées par nos dirigeants depuis des décennies. En effet, des efforts constants sont mis en œuvre pour l'exacerbation du régionalisme et du racisme qui incitent les Algériens à s'entre-déchirer et à se déclarer la guerre». Le collectif, composé de plusieurs coordinations universitaires, désigne aussi les forces de l'ordre comme partie prenante dans les scénarios répressifs ayant ciblé les marcheurs de ce dernier vendredi, qualifiant de «dérive dangereuse» ce dont a fait preuve le pouvoir. «Les forces de l'ordre, sous prétexte d'encadrer les marches et maintenir l'ordre, s'en sont prises aux manifestants pacifiques en les violentant. Cette dérive ne fera que creuser le fossé – déjà abyssal – entre la société et le pouvoir, d'une part. D'autre part, cette dérive à laquelle se prête le pouvoir est extrêmement dangereuse : opposer le peuple à lui-même ne saurait offrir une réponse judicieuse aux revendications du hirak.» Le Collectif national des universitaires du hirak a salué aussi «l'intelligence et la sagesse des manifestants pacifiques qui ont réussi à déjouer cette énième manœuvre qui vise à casser la mobilisation citoyenne, en semant la confusion et en attisant la haine au sein de ce formidable mouvement, avec la complicité de voyous érigés en »patriotes »», peut-on lire dans la même déclaration. Et de dénoncer «l'attitude de certains, qui ont légitimé le recours à la violence contre les hirakistes par les baltaguia, qualifiant leur voyouterie de « regain de conscience »». Militant pour une Algérie libre et démocratique, les signataires estiment en conclusion que «nulle victoire n'est à attendre pour personne, aucune issue positive ne peut être envisagée par de telles pratiques !» Les universitaires ont, par la même occasion, réitéré leur adhésion totale au hirak tout en appelant à un renforcement de la mobilisation pacifique et les citoyens à beaucoup de vigilance, et préserver la Silmiya.