Moins d'une trentaine d'individus ont tenté par tous les moyens d'interrompre la marche de milliers de citoyens sous l'œil passif du service d'ordre. "Yetnahaw gaâ", slogan fétiche du hirak est revenu en force hier à l'occasion du 45e acte de la mobilisation citoyenne contre le régime politique en place. Fidèles à leur tradition, les Constantinois qui ont marché par milliers ont relevé un double défi pour la circonstance. D'abord en reconduisant la même plateforme de revendications citoyennes notamment le départ de toutes les figures du système politique de l'ère Bouteflika et puis, en préservant le caractère éminemment pacifique du mouvement en dépit des provocations et tentatives d'entraver le bon déroulement de la marche en ce 45e vendredi. En effet, moins d'une trentaine d'individus ont tenté par tous les moyens d'interrompre la marche de milliers de citoyens sous l'œil passif du service d'ordre qui a laissé faire une poignée de "baltaguia" surchauffés et vraisemblablement missionnés pour embarrasser des marcheurs pacifiques à même d'engendrer des dérapages. Et n'était la sagesse dont ont fait preuve les hirakistes, des violences auraient pu se produire tant les provocations étaient outrancières de la part de ces "baltaguia" qui ont tenté à un moment donné de barricader la voie face aux marcheurs y compris en utilisant les barrières qui délimitent le périmètre de sécurité autour du tribunal de Constantine sur l'avenue Belouizdad. Patients, les manifestants ont, à chaque fois, fait preuve d'un calme à toute épreuve évitant des heurts inutiles. Des scènes qui ont galvanisé davantage les marcheurs qui emprunteront l'itinéraire habituel avec la même détermination et sans se soucier des insultes qui fusaient çà et là le long de leur parcours en scandant : "Nous poursuivrons notre marche avec le même pacifisme jusqu'à la satisfaction de nos revendications. Il y a des hommes en Algérie à l'image de Lakhdar Bouregâa et Fodil Boumala", entrecoupé de temps à autre par un tonitruant "Dawla madania machi âaskaria". Un préalable à toute négociation avec le pouvoir est ainsi signifié par les manifestants constantinois, celui de la libération de tous les détenus d'opinion et activistes du hirak emprisonnés à travers des chants, slogans et écriteaux arborés par les marcheurs qui opposent un refus catégorique à l'offre de dialogue du nouveau président. Ce dernier dont le nom a été pratiquement occulté par les marcheurs de ce 45e vendredi successif de mobilisation à Constantine depuis le 22 février dernier.