Le mouvement populaire, qui bouclera sa première année d'existence dans cinq semaines, n'a pas perdu de sa ferveur dans la capitale de l'Est. Les Constantinois sont encore sortis, en ce 47e rendez-vous de la mobilisation, réclamer au système en place de restituer le pouvoir au peuple et de libérer l'ensemble des détenus d'opinion. Des pancartes traduisant ces aspirations citoyennes ont été brandies, insistant sur la consécration de la souveraineté populaire. «Notre révolution pacifique se poursuivra jusqu'au recouvrement de la souveraineté populaire à travers une Assemblée constituante», peut-on lire sur l'une d'elles. A l'heure où le Pr Ahmed Laraba est chargé par le président Tebboune de chapeauter la commission ad hoc pour l'amendement de la Loi fondamentale du pays, la rue s'élève contre ce procédé. «Amender la Constitution est une volonté politique, pas juridique. Remettre le pouvoir au peuple est l'unique alternative pour une sortie de crise», s'accordent à dire des manifestants. D'autres s'expriment sur l'intiative du dialogue : «C'est encore une manœuvre que le système veut nous imposer pour briser le hirak, il est très coutumier de la politique du fait accompli, les exemples sont légion depuis le 22 Février.» Après avoir écourté l'itinéraire en raison de quelques éléments perturbateurs, tentant désespérément de vouer aux gémonies ces milliers de marcheurs, la procession a repris ses droits. La boucle traditionnelle a été effectuée, hier, dans son intégralité en dépit de la présence d'une poignée de baltaguia. Ces derniers, venus pour le 3e vendredi consécutif battre le fer avec les marcheurs, ont été maintenus à distance de la procession par un dispositif sécuritaire imposant. La foule fidèle à l'esprit de la Silmiya n'a accordé aucune attention particulière aux slogans provocateurs, évitant de la sorte toute confrontation. De l'avis général, l'engagement populaire s'inscrit dans la durée face à un pouvoir qui refuse de lui concéder une transition politique. «Ceux qui sortent le vendredi n'ont pas voté, donc ils continuent à exprimer haut et fort les aspirations citoyennes qui sont d'ordre politique et pas autrement», répond un manifestant à un jeune spectateur s'interrogeant sur l'opportunité du maintien des marches après l'élection présidentielle du 12 décembre. Et à Chaouki, une autre figure du hirak local, d'abonder dans le même sens et expliquer les raisons qui les poussent à battre le pavé depuis plusieurs mois : «Le mouvement populaire se poursuit pour l'avènement d'un Etat de droit, des libertés, de la justice et des égalités, pour la libération de la presse et la séparation des pouvoirs, à savoir législatif, exécutif et judiciaire.» Les autres slogans habituels ont été scandés dont «Dawla madania machi askaria !» «Ahna ouled Amirouche, marche arrière manwallouche !» ou encore «Ya hna ya ntouma, maranache habssine !» Le 47e acte de la contestation s'est terminé par la tenue du forum hebdomadaire. La poursuite du combat passe aussi par les idées et le débat. Naïma Djekhar