La succession de Rabah Saâdane est ouverte même si rien n'a été signifié au sélectionneur quant à son avenir à la tête de l'équipe nationale. Après l'élimination du onze national et toutes les critiques qui ont suivi ce cuisant échec, des voix se sont élevées, les unes avec plus de tonus que d'autres, pour se faire rappeler auprès de qui de droit. Par presse interposée, plusieurs entraîneurs, intéressés ou pas par le sujet, se sont exprimés sur cette vacance du poste qu'il faut à tout prix combler. Certains se sont déclarés déjà prêts à prendre la relève ; d'autres à assurer la continuité et d'autres encore pour expliquer comment cela doit mieux fonctionner. Tout le monde semble d'accord pour assurer, d'une manière ou d'une autre, la succession sans poser la véritable question de savoir si oui ou non Saâdane va partir. C'est dire que l'homme, toujours en poste, importe peu aux yeux des futurs prétendants plus préoccupés à dépoussiérer leur curriculum vitae qu'à sauvegarder l'éthique de la profession. Dès lors, c'est à un véritable cafouillage auquel sont conviés les Algériens pas du tout intéressés, pour le moment, par la succession de Saâdane tant la prestation des Verts au Mondial est restée en travers de la gorge. Profitant de cette période de flottement où tous les coups sont permis, certains cercles, gravitant autour de la discipline, tentent de placer leur joker. Les consultants et les observateurs, des anciens de la discipline pour la plupart, très nombreux ces derniers temps, ont trouvé un bon créneau, conjoncture oblige, pour se lancer dans des analyses acrobatiques pour faire le point de la situation de notre football. Au final de tous ces débats qui ont meublé l'espace médiatique durant cette compétition internationale, tout un chacun semblait détenir le sésame qui assurerait un meilleur avenir à notre onze national. Il est certain que là n'est pas la meilleure manière d'analyser le parcours de notre sélection, car l'intention, sans vouloir généraliser, n'est en fait pas du tout innocente. Elle cache plutôt des intentions qui en disent long sur les ambitions parfois démesurées des uns et les croche-pieds souvent gratuits des autres. Dans les deux cas, il y avait un message qu'il fallait décoder. C'est un peu le propre d'une discipline qui échappe le plus souvent à la logique. Aujourd'hui, il n'y a aucun principe directeur mis en place qui puisse mener vers la nomination d'un sélectionneur. Chacun détient sa vérité et veut l'imposer. La fédération, qui évolue dans un système hermétique où l'on privilégie le travail en solo, donc en l'absence de communication, détient certainement ses propres contacts, mais ne semble pas avoir les coudées franches pour trancher dans un sujet qui, en fin de compte, échappe au monde du football. La succession de Saâdane ne semble pas si facile. Autant il semble aisé de critiquer le travail du sélectionneur, autant il est ardu de procéder au remplacement de l'auteur de l'échec auquel il a abouti. Si dans d'autres pays le football est déjà projeté dans l'avenir, chez nous, il va falloir prendre son mal en patience et s'alimenter, entre temps, de la rumeur qui s'impose comme seul organe de l'information footballistique.