Tel un éventail coloré, la voix d'Iness est une terre où se confondent des mélodies chaleureuses de Mère Afrique et de l'univers folk, pop, rock et blues. Elle vient de sortir son premier album, Iness, à écouter absolument. La musique qui fusionne avec d'autres trouve-t-elle un écho en Occident ? La musique est un bon canal pour faire connaître sa culture et la faire interagir avec les autres cultures. Depuis que l'album est sorti, je sillonne la France pour faire sa promotion. Je reviens d'une tournée dans la France profonde où j'ai reçu un accueil chaleureux. Avant la sortie de l'album, j'ai eu l'occasion de jouer mes titres aux Etats-Unis au cours d'une tournée avec Karim Albert Kook et là aussi, le public a été très réceptif. Vous êtes en quelque sorte la muse de Karim Albert Kook. Que vous apporte-t-il musicalement ? Karim Albert Kook est un bluesman pur et dur. Pour lui, la musique est comme une seconde peau. Au-delà d'une passion, c'est aussi une discipline de travail qu'il m'a appris. Depuis que vous êtes en France, vous avez collaboré avec beaucoup de musiciens. Ont-ils contribué à forger votre identité musicale ? J'ai eu la chance de rencontrer et de travailler avec des artistes fabuleux telle que la chanteuse yéménite Noah, dont je suis fan. Ou encore Francis Lalanne avec qui j'ai chanté au cours d'une tournée à travers toute la France en compagnie de Karim Albert Kook. Sans oublier les artistes qui m'ont fait l'honneur de participer à mon album : le percussionniste Steev Shehan, la blues woman Beverly Joe Scott ou encore Jean Philippe Rykiel et l'ancien guitariste des Négresses Vertes Stéphane Melino. Tous ces artistes ont fait en sorte que ce projet soit coloré de chacune de leurs notes. Ceci donne une richesse inestimable à mon travail artistique. Justement parlez-nous de votre nouvel opus… Je l'ai appelé Iness (Dis-lui en kabyle). C'est un mélange de pop rock et des rythmes d'Afrique du Nord. Ce mélange est traduit tantôt par la musique, tantôt par la langue, puisque les chansons ont été écrites en arabe, français, anglais et kabyle. On retrouve évidemment le son bluesy de Karim Albert Kook qui assure toutes les guitares de l'album. Les percussions ont été jouées par Khiredine Mejoubi et Kamel Tenfich de l'ONB, au mandole. J'ai eu l'honneur d'avoir le petit-fils de El Haj M'hamed El Anka, Mehrez Smaïl El Anka. Comme je l'ai dit, j'ai eu beaucoup de chances d'être entourée de tels musiciens. Un premier album est important, c'est pour cette raison que Bouabdellah Khelif était au violon, Jackie Bouladou et Jean-Louis Foiret, respectivement à la batterie et à la basse. En somme, tous ces artistes ont donné un son métissé à mes influences pop rock et de la musique dans laquelle j'ai toujours baigné. Les jeunes artistes se plaignent toujours du fait de ne pas pouvoir percer dans le pays d'origine. Si c'était à refaire, vous partiriez ? Oui, j'aurais fait la même chose. Je ne suis pas du genre à revenir sur mes choix et mes décisions et tout ce que la vie me donne, je le prends tel quel. Tout ce que j'ai vécu de bien ou de mal avait une raison d'être. C'est ce qui m'a permis d'être ce que je suis aujourd'hui. En ce qui concerne les jeunes qui pensent qu'ailleurs c'est mieux, il est vrai que le domaine artistique en France est plus structuré et pris plus au sérieux. Toutefois, il ne faut pas penser qu'en venant ici les portes vont s'ouvrir et le succès va arriver tout seul. Où que l'on soit, on est obligé de se battre pour réussir dans la musique. Prévoyez-vous une tournée algérienne ? Quand sortira votre album en Algérie ? J'espère vraiment jouer en Algérie, c'est quelque chose qui me tient à cœur. Quant à la sortie de l'album, c'est un projet qui est en cours également. Bio express : Cette chanteuse berbère algérienne est née à Thénia, près d'Alger, dans une famille de mélomanes. Iness sera remarquée lors d'un tremplin organisé par la Radio nationale algérienne qui lui proposera très vite la possibilité d'animer et de produire sa propre émission musicale au caractère particulier « Caravane rock ». Une occasion de présenter au grand public de la pop, de la country, du rock, du blues… La rencontre avec le bluesman Karim Albert Kook en concert à Alger fera naître une collaboration artistique qui se poursuivra jusque dans l'Hexagone sur la route des festivals et des clubs en tant que choriste, jusqu'à aujourd'hui avec la réalisation de son premier projet solo.