Le nombre de situations conflictuelles dépasse l'entendement à Souk Ahras, et la justice, ultime recours pour les travailleurs lésés, a tous les moyens d'y remédier. Certains employeurs s'adonnent à l'exploitation d'une main-d'œuvre bon marché sans se donner la peine de garantir les droits fondamentaux tels que la déclaration aux assurances sociales, voire même le paiement des salaires. Le nombre de situations conflictuelles dépasse l'entendement à Souk Ahras et la justice, ultime recours pour les travailleurs lésés, a tous les moyens d'y remédier. Pour certains, c'est à partir des instances de cette même justice que commence le combat réel pour faire valoir des droits certains. Des dizaines d'employés qui n'ont jamais connu de congé, d'autres qui triment plus de 10 h/jour dans des conditions pitoyables et dont les salaires sont restés impayés jusqu'à l'heure où nous rédigions ce papier. Dans le secteur public, c'est surtout les mutations, les conseils de discipline abusifs, les promotions sélectives et les ruptures de contrats de travail pour certains agents temporaires qui sont dénoncés. Les employeurs privés, eux, promettent à leurs recrues monts et merveilles, se complaisent dans un interminable jeu de la carotte au bout d'une perche et rompent au gré des humeurs leurs relations avec les travailleurs. Pour le premier trimestre de l'année 2010, la direction de l'inspection du travail a enregistré 94 conflits individuels dont 9 cas résolus par le bureau de conciliation et 50 transmis à la justice. Aussi bien dans le secteur public que privé, notamment ceux du bâtiment et des services, la même instance avance le nombre de 266 P.-V. d'infraction à la législation du travail. Le non-respect du SNMG, l'emploi des mineurs, la non-déclaration aux assurances sociales, les congés impayés et le refus de délivrance de fiches de paye et d'attestations de travail, sont autant d'anomalies relevées par les contrôleurs qui ont adressé pour la même période 455 mises en demeure aux employeurs non respectueux des textes légaux. S'agissant des ressortissants étrangers employés sans permis de travail, Tunisiens et Marocains à leur tête, l'inspection du travail en compte 21. Concernant le non-respect des mesures d'hygiène et de prévention, 49 cas dont un accident mortel ont été signalés à travers la wilaya. L'inspection du travail en manque d'effectif Questionné sur le rôle de la direction de l'inspection du travail dans la lutte contre ces dépassements, Tidjani Allali, le premier responsable, dira ceci : « Malgré un effectif limité et un champ d'activités difficile à cerner dans une wilaya qui a connu une diversification dans son marché de l'emploi, nous considérons que les résultats réalisés par nos services sont satisfaisants. » Les cas cités ci-après, dénotent, toutefois, une complexité certaine dans les infractions à la loi et interpellent d'autres acteurs. Mustapha Sebouaï, employé comme adjoint de l'imam de la mosquée Abou Horeïra dans la commune de Ouled Driss depuis l'année 1993, a été récemment muté vers la mosquée Billel Ibn Rabah, distante de plusieurs kilomètres du lieu où il habite. « C'est à cause d'une série de rapports adressés, par mon responsable hiérarchique à la Nadhara de Souk Ahras, mus d'arrière-pensées personnelles et de représailles pour des prises de position quant à la gestion de ce lieu de prière et de communion avec le créateur », a-t-il expliqué dans une doléance écrite, dont une copie a été remise à El Watan. Il reproche à la Nadhara un traitement unilatéral du dossier. Père de deux enfants, femme impotente et conditions de vie précaires, telle est la situation sociale de Mustapha qui doit parcourir des kilomètres pour atteindre son lieu de travail. « On ne m'a jamais convoqué ou présenté devant un conseil de discipline pour que je sache au moins de quoi m'a-t-on accusé », précise-t-il. Mohamed Latiem, le directeur des affaires religieuses nous a déclaré, à ce sujet que ce cas litigieux est antérieur à sa nomination à la tête de la direction et que le conseil scientifique avait tranché dans cette affaire sur la base de documents fiables et de témoignages. « N'empêche que le pardon et la réconciliation qui font partie des préceptes prônés par notre religion ne sont pas à exclure dans pareils cas », a conclu le même responsable. Ces propos qui traduisent une volonté de bien faire ne sont pas partagés par des dizaines d'autres employeurs qui font encore fi des textes. Dans les secteurs du bâtiment et des services des employés non déclarés aux assurances sociales meurent par absence des mesures d'hygiène et de sécurité, alors que d'autres sont exploités par des promoteurs véreux sans rémunération pour le travail de forçats auquel ils sont destinés. C'est d'ailleurs dans cet esprit que des citoyens ont répliqué aux propos du wali, prononcés lors d'une visite officielle dans la commune de Merahna et s'agissant du manque de main-d'œuvre dans le domaine du bâtiment. « Les entrepreneurs locaux ne nous déclarent pas à la CNAS, nous vouent aux pires des supplices et ne nous paient jamais », a déclaré l'aîné d'un groupe venu aborder le premier responsable de l'exécutif de la wilaya.