Une visite surprise. Huit mois après les incidents du Caire qui ont engendré « une crise diplomatique » entre les deux pays, le président égyptien Hosni Moubarak est arrivé hier à Alger. Cette virée, malgré son caractère « amical », est perçue comme une volonté du pouvoir égyptien de relancer ses relations avec l'Algérie qui ont connu un froid après les deux matchs de qualification pour le Mondial sud-africain, disputés au Caire et au Soudan en novembre 2009. Mais qu'en pensent les Algériens ? Ont-ils changé de position par rapport aux relations avec « le frère-ennemi » égyptien ? Nous leur avons donné la parole. Premier constat avant de donner leur avis sur l'avenir des relations entre les deux pays : ils ne sont pas au courant de l'arrivée de Hosni Moubarak. Une fois informés, les citoyens que nous avons rencontrés à Alger commentent différemment la visite. « Sa visite n'était pas annoncée. Je préfère qu'il (le président Hosni Moubarak) reparte sans faire de bruit », déclare Nacer, 53 ans, rencontré au niveau de la place Audin. L'homme n'a même pas voulu s'étaler en parlant de l'Egypte et de son président : « J'aimerais bien ne pas parler de lui. » Rabah, 40 ans, estime avoir deviné l'objectif de la visite de Moubarak à Alger : « Personne n'est dupe. On sait tous ce qui fait courir les Egyptiens. Ils veulent préserver leurs intérêts économiques en Algérie. Sans plus. L'Algérie n'a pas de marché en Egypte, mais c'est eux qui ont des marchés en Algérie. » D'autres sont favorables à la réconciliation entre les deux pays ; c'est le cas de Tahar, la cinquantaine : « Je pense qu'il faut réconcilier les deux peuples frères. Un match de foot ne doit pas remettre en cause la vieille amitié qui existe entre les deux pays. » A propos du discours virulent et menaçant envers l'Algérie prononcé par le chef d'Etat égyptien au lendemain de la défaite de leur équipe au Soudan, Tahar lui trouve des circonstances atténuantes : « Moubarak a réagi sous la pression de la rue égyptienne. N'importe quel président aurait pu faire la même chose. Même le notre aurait pu réagir de la même manière ». Adossés à un mur, au niveau de la place Audin, Sofiane (28 ans) et Karim (29 ans) se montrent, eux aussi, favorables à un nouveau rapprochement entre les deux pays : « Nous sommes deux peuples frères et musulmans. Il n'est pas de nos habitudes d'être rancuniers. Hosni Moubarak est le président d'un pays frère et nous lui souhaitons la bienvenue », affirment les deux amis, qui préfèrent discuter mariage : « Nous n'avons pas de logement ! » Sur la Toile et les forums internet, les débats sont plus animés. Les internautes s'opposent à tout rapprochement entre les deux pays : « On ne peut refuser les condoléances. Mais les relations amicales de façade entre les gouvernants ne sauraient en aucun cas berner le peuple algérien et lui faire oublier le déluge haineux d'avanies des médias et des officiels égyptiens avec le silence complice de Moubarak. » D'autres posent des conditions : « Des relations amicales avec l'Egypte ? D'accord… Mais il faut qu'il n'y ait plus de passe-droits pour les Egyptiens, plus de favoritisme en politique extérieure, plus de projets stériles chez nous, plus de calomnies, plus de corruption au niveau de la CAF et plus de cailloux dans leurs stades », ironise un internaute.