Les entreprises de la région d'Akbou filent un mauvais coton. Entrepreneurs et promoteurs affichent grise mine. Les entités activant dans le secteur du bâtiment et des travaux publics sont les plus sévèrement impactées par la crise financière, témoigne-t-on. «Notre survie est étroitement dépendante de la commande publique. Or, les marchés se font sans cesse plus rares et plus difficiles à décrocher», relève le gérant d'une entreprise de construction. Depuis l'année 2016, l'activité est engagée dans une dynamique de récession sans précédent. La plupart des entreprises se sont retrouvées dos au mur, avec des avenants en souffrance et des carnets de commande vides. «La situation est devenue ingérable. A telle enseigne que plus de la moitié des entreprises se sont vues dans l'obligation de cesser toute activité», confie le patron d'une SARL, avouant que sa propre affaire est proche du dépôt de bilan. «Durant près de 4 ans, les commandes publiques ont emprunté une courbe invariablement descendante. Parallèlement, mon chiffre d'affaires a chuté à une vitesse vertigineuse. Cette descente aux enfers continue et l'on s'achemine droit vers l'impasse et la ruine», rapporte un opérateur économique, dont le siège social de la boîte est basé à Tazmalt. Même en opérant des dégraissements successifs dans leurs effectifs, beaucoup d'entreprises, parmi les moins résilientes, ont du mal à survivre, soutient-on. Etranglées par des dettes d'investissement, l'arrêt de leurs plans de charge et les recouvrements de créances, les entreprises peinent à payer leurs personnels, à régler leurs redevances fiscales et parafiscales et à honorer leurs échéances vis-à-vis de leurs fournisseurs et autres prestataires de service. La crise leur a tout simplement porté le coup de grâce. Il va sans dire que les répercussions sociales sont incommensurables, avec des milliers de travailleurs mis au chômage. Certains patrons disent avoir la certitude que ce qui les attend s'annonce pire que ce qui leur arrive. Ils en veulent pour indice la baisse de 10% du budget d'équipement inscrit dans la loi des finances 2020. Un opérateur d'Ouzellaguen estime pour sa part que l'infortune des entreprises tient d'abord aux pratiques malsaines qui gangrènent le secteur. «Les marchés publics sont une niche de corruption et de malversation. La préférence nationale de 25% n'a jamais été appliquée. Les pouvoirs publics préfèrent recourir au gré à gré avec les entreprises étrangères, en leur octroyant une avance de 50% du marché. On subventionne le bâtiment mais pas l'entreprise !» clame-t-il.