Il n'y a plus l'ombre d'un doute et c'est définitivement tranché : l'assemblage automobile est fini en Algérie. C'est le président, Abdelmadjid Tebboune, qui l'a annoncé à la fin de la semaine écoulée dans une interview qu'il a accordée au journal français Le Figaro. La sentence du chef de l'Etat est sans appel. «L'Algérie est vue par ses partenaires comme un grand marché de consommation. Nos maux viennent de l'importation débridée, génératrice de surfacturation, une des sources de la corruption, favorisée par de nombreux pays européens où se faisait la bancarisation, la surfacturation, les investissements de l'argent transféré illicitement», déplore le président Abdelmadjid Tebboune, qui constate que «l'usine Renault qui est ici n'a rien à voir avec celle qui est installée au Maroc». «Comment créer des emplois alors qu'il n'y a aucune intégration, aucune sous-traitance ?» s'interroge le premier magistrat du pays avant d'assener : «Nous allons, par exemple, arrêter l'importation de kits automobiles.» Voilà qui est clair et surtout lève désormais toute équivoque sur l'avenir de «l'assemblage de véhicules» qui a coûté au pays des milliards de dollars. Le sort des unités de montage est définitivement scellé, même si le ministre de l'Industrie et des Mines, Ferhat Aït Ali Braham, avait laissé la semaine dernière planer quelques doutes sur leur avenir en soutenant que ceux qui font de l'assemblage peuvent continuer mais sans aucun des avantages que l'Etat leur a accordés auparavant. De nombreux «opérateurs» – même ceux qui sont aujourd'hui en prison –, qui ont mis en place ce qui s'apparente à des unités de montage, attendaient donc le contenu du nouveau cahier des charges qui sera rendu public dans deux mois pour pouvoir reprendre leurs activités. Seulement, la sentence du chef de l'Etat est tombée comme un couperet pour signifier la fin de ce que beaucoup qualifient de «boulonnage de véhicules». Quel sort sera donc réservé à Global Group de Hassan Larbaoui, à Sovac de Mourad Oulmi, à Ival de Mohamed Bairi et à TMC de Mahieddine Tahkout ? L'arrêt de l'importation des kits CKD/SKD signifie tout simplement leur fin. Le ministre de l'Industrie et des Mines l'a affirmé lors de sa dernière sortie médiatique. Il ne veut pas autre chose qu'«une véritable industrie de l'automobile». Le nouveau cahier des charges, qui est en élaboration et qui portera certainement le sceau des déclarations du chef de l'Etat, favorisera à coup sûr la mise en place des conditions pour attirer les constructeurs automobiles qui ne seront pas obligés, comme le soulignait le ministre, d'avoir des partenaires locaux pour venir s'installer en Algérie. Ils seront, par contre, dans l'obligation «d'apporter le financement et le savoir-faire». Tous les spécialistes le disent : la construction automobile est une affaire de constructeurs et non pas de concessionnaires. Mais parallèlement à la volonté du gouvernement de travailler pour l'avènement d'une véritable industrie de l'automobile, tout porte à croire qu'il sera aussi question de revenir, mais certainement avec une nouvelle réglementaire, à l'ancienne formule de concessionnaires qui commercialiseront les véhicules en l'état, en plus de l'autorisation de l'importation des voitures de moins de trois ans. En somme, on en saura plus et dans le détail quand le ministère de l'Industrie et des Mines communiquera le nouveau cadre réglementaire.