Les Etats-Unis se sont engagés dans l'accord de Doha au retrait total des forces étrangères d'Afghanistan sous 14 mois, si les talibans respectent des engagements sécuritaires. L'armée américaine a entamé, hier, son retrait de deux bases d'Afghanistan, rapportent des médias citant une source des Etats-Unis. L'opération constitue la première étape de l'accord signé à Doha le 29 février entre Washington et les talibans. Les bases sont situées à Lashkar Gah, la capitale de la province du Helmand (Sud), largement sous contrôle des insurgés, et dans la province d'Herat (Ouest), a ajouté cette source sous le couvert de l'anonymat. Le nombre de soldats américains déployés en Afghanistan doit passer de 12 ou 13 000 à 8600 d'ici mi-juillet. Cinq de la vingtaine de bases américaines dans le pays doivent être évacuées. Les Etats-Unis se sont engagés, dans l'accord de Doha, au retrait total des forces étrangères d'Afghanistan sous 14 mois, si les talibans respectent les engagements sécuritaires. Entre autres engagements, empêcher des groupes, comme Al Qaîda, de se servir de l'Afghanistan comme d'une base leur permettant de menacer la sécurité des Etats-Unis et de leurs alliés, empêcher ces groupes de «recruter, entraîner ou lever des fonds» et ne les accueilleront pas dans le pays. L'accord empêche aussi les insurgés de leur fournir des visas et autres documents légaux. En revanche, l'accord ne leur demande pas de désavouer publiquement Al Qaîda ou de couper officiellement les relations avec cette organisation. Sachant qu'ils hébergeaient Oussama Ben Laden et ses partisans, quand ils étaient au pouvoir en Afghanistan entre 1996 et 2001. D'où l'intervention d'une coalition internationale menée par Washington, après les attentats du 11 septembre 2001, les chassant du pouvoir. Obstacles Selon le texte de Doha, les talibans doivent participer à des discussions sur le futur du pays avec une délégation incluant le gouvernement afghan, qu'ils n'ont jamais reconnu. Mais ce dialogue interafghan, qui devait démarrer hier, se heurte à des écueils. Le président Ashraf Ghani s'oppose depuis des jours à une des principales clauses négociées par les Américains et les rebelles : la libération de près de 5000 prisonniers talibans en échange de jusqu'à 1000 membres des forces afghanes. Les talibans ont fait de cet échange de prisonniers une des conditions à l'ouverture du dialogue avec Kaboul. «Nous avons soumis au camp américain une liste détaillée des 5000 personnes (prisonniers)», a écrit, sur Twitter, un porte-parole des talibans, Suhail Shaheen, ajoutant que les prisonniers devraient être remis au groupe qui procédera à une «vérification». «Ils devront être les personnes dont le nom figure sur la liste», a-t-il précisé hier. Entre-temps, Kaboul est confronté à une crise politique. En effet, Ashraf Ghani, vainqueur de la présidentielle de septembre, et son principal rival Abdullah Abdullah, qui revendique également la victoire, se sont tous deux déclarés président d'Afghanistan lundi. Le même jour, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a déclaré que les Etats-Unis «s'opposeront fermement» à la formation d'un «gouvernement parallèle» en Afghanistan. Une telle situation rappelle la présidentielle de 2014, que les deux mêmes protagonistes affirmaient également avoir remportée. Après une médiation de Washington, Abdullah Abdullah a accepté un poste de chef de l'Exécutif dans un gouvernement d'union nationale. Sur le plan sécuritaire, le 3 mars, l'armée américaine a mené une première frappe aérienne contre les talibans depuis l'accord, après qu'ils eurent attaqué à 43 reprises en une journée les forces afghanes dans le Helmand. Vendredi, à Kaboul, une attaque, revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), a fait 32 morts.