Le niveau du coronavirus inquiète au point où les autorités françaises songent à prendre des mesures rigoureuses pour endiguer la menace. Les municipales pourraient dès lors ne pas avoir de second tour. Hormis l'abstention qui comme prévu a été forte à plus de 55%, les analystes avaient, dimanche, les yeux braqués non seulement sur le Covid-19 dont les effets s'aggravent, mais sur la manière dont voteraient les grandes villes : Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Strasbourg. Avant ce premier tour du scrutin de renouvellement des municipalités, il s'agissait de voir le comportement des listes du parti du Président, La République en marche (LREM), jeune mouvement créé en 2017, dont c'est la première participation aux municipales. Les mouvements de contestation et la répression policière désormais incontestée de ces derniers mois ont écorné la majorité présidentielle (Gilets jaunes, lutte contre la réforme des retraites, mouvements pour sauvegarder le service public dans les hôpitaux notamment). Le résultat s'est vu clairement dimanche. Les candidats LREM ont fait pâle figure avec, particulièrement, le score très faible d'Agnès Buzin dans la capitale. Plus significatif encore, il faudra un second tour au Premier ministre, Edouard Philippe, candidat au Havre, pour espérer l'emporter. A Lyon, c'est pire. L'ancien ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, suiveur des premiers jours de Macron en 2006, est balayé. Il n'arrive qu'en troisième position. Le candidat Ecologie Les Verts est bien placé pour devenir le prochain maire de la métropole lyonnaise. Du reste, on a assisté dans les grandes villes à une percée historique des Verts à Strasbourg ou Bordeaux, ou encore à Grenoble où le maire écolo était presque à même d'être reconduit dès le premier tour. A gauche, la liste Printemps marseillais est en bonne position, mettant à mal la candidate de droite, Martine Vassal, qui désirait succéder à Jean-Claude Gaudin qui a raccroché, en raison de son âge avancé. Gauche et droite dans l'ensemble maintiennent leur position. Enfin, le Rassemblement national (ex-Front national) n'a pas marqué de nouveaux jalons. Il conserve essentiellement ses mairies remportées en 2014 et devrait gagner une commune dans le Vaucluse (Morières) et surtout décrocher Perpignan, ville de 120 000 habitants où Louis Alliot, ex-vice-président du RN est bien placé. Un confinement généralisé ? Depuis dimanche, de nombreux appels politiques de tout bord appelaient le gouvernement à reporter le second tour des élections municipales, alors que les informations les plus inquiétantes étaient divulguées sur l'évolution rapide de la propagation du coronavirus et encore hier matin. Les médias classiques et les médias sociaux montraient l'incivisme des gens qui se promenaient dans les grandes villes comme si de rien n'était, alors que la consigne officielle était la «distanciation sociale». La contradiction était, cependant, pointée de ne pas avoir annulé le scrutin municipal et de demander dans le même temps aux gens de rester à la maison. Hier à la mi-journée, Emmanuel Macron devait réunir le Conseil de défense avant de prendre la parole à 20h à la télévision. Parmi les annonces que les médias anticipaient hier tout au long de la journée, la très probable application du confinement généralisé de la population, comme en Espagne, en Italie ou en Suisse depuis hier. Par conséquent l'annulation ou le report des élections municipales ne ferait alors plus l'ombre d'une hésitation.