Au soir du premier tour des �lections municipales en France, il appara�t une nette pouss�e de la gauche, m�me si la vague rose n�a pas tout emport� sur son passage. De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Avec 47, 09 % de voix qui se sont port�es pour des candidats de la gauche et 43,09% pour les listes de la droite, les Fran�ais, qui se sont exprim�s � 61% (contre 67% aux municipales de 2001), ont fait un premier choix qui semble sanctionner la politique lib�rale du pouvoir en place. La droite, apr�s avoir tent� vainement de masquer sa relative d�faite et surtout de refuser qu�il y a l� un vote sanction contre la politique men�e depuis dix mois, reconna�t tr�s timidement qu�il s�agit l�, selon Devedjian, �d�une petite d�faite�. La gauche a le triomphe modeste et appelle � se mobiliser fortement pour consolider et �largir les r�sultats. Dimanche prochain, le MoDem jouera dans beaucoup de cas � l�arbitre. Fran�ois Bayrou, qui n�arrive que second derri�re la gauche dans son propre fief (Pau), ne donne pas de consigne nationale et annonce des alliances au cas par cas. Le triomphe se fait modeste � gauche A gauche, la grande victoire est incontestablement celle de Paris. M�me si Bertrand Delano� doit encore affronter le deuxi�me tour, le maire socialiste sortant, avec 41,60% devance tr�s nettement la liste UMP (27,92%) de Fran�oise de Panafieu (UMP) et devrait tr�s largement l�emporter au deuxi�me tour. Trois arrondissements de Paris (les 3e, 11e et 19e) sont d�ores et d�j� acquis par la liste de Delano� contre un seul arrondissement, le 16e, acquis � droite, ce qui ne constitue pas, cela va de soi, une surprise. Dans beaucoup d�autres arrondissements de Paris, Delano� devra n�gocier notamment avec les Verts et beaucoup aussi avec le MoDem. La repr�sentante de ce parti, Marielle de Sarnez, n�a pas cach� qu�elle n�gociera plut�t avec la gauche, m�me si son parti �n�est pas du m�me bord�. Mais avec ou sans le MoDem, Delano� gagnera sans aucun doute la capitale et certains t�nors de droite avouent d�j� qu�ils �taient s�rs de l��chec de leur candidate. Plus globalement, certaines listes de gauche enregistrent une victoire d�s le premier tour. Il en est ainsi � Lyon par exemple ou encore � Rouen ou � Tourcoing. Dans beaucoup d�autres villes, la gauche est en tr�s bonne position pour l�emporter au second tour et peut faire basculer � gauche des villes comme Lille, Strasbourg, Caen, Rennes ou encore Blois. L�avanc�e de la gauche est plus nette encore aux cantonales (conseillers g�n�raux) avec un score de 47,7% contre 40,91%. Parti communiste et extr�me gauche ne sont pas moribonds Ce scrutin a permis � deux formations, le Parti communiste d�une part et l�extr�me gauche d�autre part, de d�mentir tous les sondages qui les donnaient moribonds. Ainsi, le PC a ravi, d�s le premier tour, les villes de Vierzon et Rommily-sur-Seine et Dieppe et conserve au premier tour la ville de Givors, celle de Pierre B�nite. Par ailleurs, il faudra compter avec le parti de Besan�enot (LCR) qui a fr�l� les 10% dans certaines villes, notamment � Marseille o� ses voix (et celles des Verts et du MoDem) seront pr�cieuses pour faire gagner la gauche au 2e tour. La droite tente de r�sister dans les grandes villes A droite, la ville de Bordeaux a �t� tr�s largement conserv�e par l�UMP. Le gagnant, le maire sortant Alain Jupp�, avec 56,62% des suffrages exprim�s, avait �vit� dans les affiches de sa campagne, toute r�f�rence � l�UMP, ce qui a probablement jou� dans ce r�sultat. Le sort de deux grandes villes Marseille et Toulouse sera jou� tr�s nettement au second tour. Le maire sortant de Marseille, Jean-Claude Gaudin (41%), et son adversaire PS Jean-No�l Gu�rini (39%) sont au coude � coude. Rien n�est jou� dans un premier tour, a avou� le maire UMP sortant qui craint une victoire � gauche si les alliances du PS avec l�extr�me gauche et/ou le MoDem se confirment. Toulouse, la quatri�me ville de France qui a toujours vot� � gauche aux pr�sidentielles et � droite aux municipales avec 41 % pour la droite et 40% pour le PS dans cette derni�re consultation, peut basculer � gauche, d�autant que les r�serves de voix � droite sont tr�s faibles. L��lection des ministres au premier tour brandie en troph�e Depuis la proclamation des r�sultats de dimanche soir, la droite brandit � tous ceux qui �voquent un vote sanction contre le pouvoir en place, les r�sultats obtenus � ces municipales par ses candidats ministres. Le relatif bon score de ses candidats lui donne l�argument de bonne gouvernance. Mais l�examen de ces r�sultats donne la victoire au 1er tour pour 14 seulement des candidats sur 28 qui se sont pr�sent�s, dont Fran�ois Fillon, le Premier ministre, Herv� Morin ministre de la D�fense, Xavier Bertrand, ministre du Travail, Eric Woerth, ministre du Budget, Eric Besson, secr�taire d�Etat � la prospective, Jean-Louis Borloo, ministre de l�Ecologie, Mich�le Aliot Marie, ministre de l�Int�rieur. D�autres candidats ministres sont en ballottage : Rachida Dati (49,5%) dans le 7e arrondissement � Paris, Christine Lagarde, ministre de l�Economie en ballottage d�favorable (24%) dans le 12e � Paris, Xavier Darcos, ministre de l�Education au coude � coude avec le PS � P�rigueux. Christine Albanel, ministre de la Culture en ballottage d�favorable face au PS dans le 4e � Paris, Rama Yade, secr�taire d�Etat en ballottage d�favorable � Colombes (banlieue parisienne). Tout n�est donc pas encore jou�. Depuis dimanche soir, les tractations pour les alliances en vue du 2e tour de dimanche prochain vont bon train, � droite comme � gauche. Ce soir (mardi) � 18h, les listes d�finitives pour le 2e tour devront �tre d�pos�es officiellement. Eu �gard � l��rosion qu�ont connue les Verts dimanche dernier, les alliances du PS se feront essentiellement avec les listes de gauche (PC, lorsqu�il s�est pr�sent� seul ou LCR) et avec le MoDem. Celui-ci est incontournable dans plusieurs villes, mais il faut craindre l�absence de coh�rence au sein de ce parti qui annonce des alliances, � droite comme � gauche, c�est selon, dit-il. La marge de man�uvre pour la gauche �tant relativement grande pour le 2e tour, tout se jouera aussi en grande partie dans sa capacit� de mobilisation dans les sept jours � venir.