L'air grave, répétant six fois le mot «guerre», le président français a annoncé lundi soir, sans vraiment le prononcer, le confinement partiel de la population française en vue de lutter contre le virus corona. Ce dernier a causé, jusqu'au 17 mars, la mort de 148 personnes dans l'hexagone et infecté plus de 6600 autres. «Nous sommes en guerre. Nous ne nous battons pas contre un autre pays, mais contre un ennemi invisible», a répété Emmanuel Macron, visiblement agacé par l'indiscipline des Français sortis en masse dimanche dernier profiter du soleil dans les parcs et les jardins. Concrètement, les Français ont restreint, depuis hier midi, leurs déplacements, excepté pour les forces de l'ordre, les personnels médicaux ou pour aller faire ses courses ou chez un médecin. Pour faire respecter cette décision, 100 000 policiers et gendarmes ont été déployés dans toute la France, mais plus particulièrement en Ile-de-France et le Haut-Rhin (Est du pays) où les foyers de contamination sont les plus importants. Lundi soir, un bouchon de plus de 170 kilomètres a été enregistré à la sortie de Paris. Fermeture des frontières Schengen aux non européens Plusieurs Parisiens ont choisi de rejoindre leurs résidences secondaires de peur de ne pas supporter le confinement, qui durera au moins 15 jours, dans des appartements exigus. Le président français a également confirmé la fermeture des frontières françaises et de l'espace Schengen pour tous les non européens, tandis que des rumeurs circulent sur la suspension d'Air France de tous ses vols. La décision du confinement partiel prise par le président français succède à d'autres prises la semaine dernière, comme la fermeture de l'ensemble des établissements scolaires et universitaires et autres lieux de vie comme les restaurants, les bars et les endroits pour pratiquer du sport. C'est la gravité de la situation en Italie qui a poussé les autorités françaises à prendre une décision aussi radicale. Lors du Conseil européen qui a eu lieu lundi matin par vidéoconférence, les Italiens ont sensibilisé et encouragé tous les autres pays de l'Europe à prendre des mesures de confinement drastiques, estimant que c'est le seul moyen pour infléchir la courbe des contaminations. Télétravail et suspension des réformes en cours En France, quelques voix se sont élevées pour critiquer l'Exécutif qui aurait pris «avec au moins dix jours de retard les mesures adéquates». Mais le temps n'est pas à la polémique. Unie, la classe politique française a décidé, après des discussions avec le gouvernement, de reporter le deuxième tour des élections municipales à une date ultérieure, probablement au 21 juin prochain. En France, et plus particulièrement à Paris, l'atmosphère est bizarre. C'est comme si une catastrophe est annoncée. Des milliers de personnes font la queue devant les boulangeries et les supermarchés pour faire des stocks de nourriture, tandis que le télétravail est devenu presque la norme dans de nombreuses entreprises françaises. Par ailleurs, toutes les réformes en cours sont suspendues, à commencer par celle des retraites. Un projet de loi permettra au gouvernement français de légiférer par ordonnance dans les domaines relevant strictement de la gestion de la crise. «Faisons preuve d'esprit solidaire, de sens des responsabilités», avait demandé Emmanuel Macron aux Français, en ajoutant : «Plus nous agirons ensemble, plus nous surmonterons cette épreuve. Hissons-nous à la hauteur du moment». Pour faire face à cette crise sans précédent et qui a causé un véritable ralentissement économique, l'Etat français a mis sur la table 300 milliards d'euros pour compenser toutes les pertes de ces entreprises et accompagner les PME, dont certaines ont déjà déposé le bilan. Emmanuel Macron a juré que personne ne sera laissé sur le bord du chemin. «Face au Covid-19, aucune entreprise, quelle que soit sa taille, ne sera livrée au risque de la faillite. Aucune Française, aucun Français ne sera laissé sans ressources. Pour les plus précaires, démunis, isolés, nous ferons en sorte, avec les associations et les collectivités locales, qu'ils soient nourris et protégés», a promis le président français.