Interrogé par un groupe de journalistes russes en marge d'une visite en Ukraine, M. Poutine, lui-même ancien agent du KGB (services secrets soviétiques), s'est longuement exprimé sur le sujet, selon la transcription publiée dimanche sur le site du gouvernement russe : Vous n'allez pas rencontrer les agents russes revenus des Etats-Unis ? Poutine : je les ai rencontrés. Vous n'en dites pas plus ? Poutine : Vous ne m'avez rien demandé de plus. On raconte que vous avez chanté un karaoké avec eux. Poutine : On a chanté, pas un karaoké, mais avec un accompagnement musical. Vous ne dites pas ce que vous avez chanté ? Poutine : Par quoi commence la Patrie, une chanson patriotique des années 1960 interprétée pour la première fois dans un film populaire, Le Bouclier et l'épée du réalisateur Vladimir Bassov, sur le destin d'un espion soviétique travaillant en Allemagne durant la période nazie. Je ne plaisante pas, c'est sérieux. Et (on a chanté) d'autres chansons de ce genre. Est-ce que vous avez l'intention de punir les agents russes ? Poutine : Je crois que c'est une question indélicate. Que vont faire ces agents maintenant en Russie ? Poutine : Ils vont travailler et je suis sûr qu'ils auront des postes dignes, que leur vie sera intéressante, éblouissante. Les dix agents russes, parmi lesquels la jeune et jolie rousse Anna Chapman, héroïne de la scène médiatique, ont été remis par les Etats- Unis, le 9 juillet, à Vienne. M. Poutine n'a indiqué ni le lieu ni la date de sa rencontre avec eux, mais a affirmé connaître les noms de tous les « traîtres » qui avaient contribué à leur arrestation. « Cela résulte d'une haute trahison. Et les traîtres finissent toujours mal. En règle générale, ils finissent dans la rue comme des alcooliques ou des drogués. Récemment, un (traître) a fini son existence quelque part à l'étranger et on ne sait pas pour quelle raison », a dit M. Poutine, sans autre détail. L'ancien espion russe, Sergueï Tretiakov, qui s'était rendu aux autorités américaines en 2000 et qui pourrait avoir renseigné les Etats-Unis sur les agents russes, est décédé le 13 juin d'une crise cardiaque à l'âge de 53 ans. Bizarrement, sa mort a été annoncée seulement le 9 juillet, jour de l'échange d'espions entre les Etats-Unis et la Russie. M. Poutine a insisté sur la « vie très difficile de chacun » des dix agents russes. « Imaginez-vous, d'abord il faut posséder une langue comme si c'était votre langue maternelle. Penser et parler dans cette langue, accomplir des missions pour les intérêts de la patrie pendant de nombreuses années, ne pas compter sur une couverture diplomatique, mettre en danger ses proches et soi-même », a souligné M. Poutine.