Lancé dimanche dernier, le plan d'urgence du ministère de l'Education nationale ne cesse de faire polémique et susciter moult questions parmi les élèves et leurs parents. Bien que la démarche soit louable, dispenser des cours pour les trois paliers via internet ou la télévision est considéré, par plus d'un, comme la mise en place d'un système éducatif inégalitaire. Pour Meziane Meriane, coordinateur national du Snapest, cette initiative est à saluer. «C'est une démarche qui occupe l'enfant avant la reprise. C'est une bonne chose, sauf qu' il y va de soi que l'enfant ne peut en aucun cas être évalué sur ces cours présentés uniquement à la télévision ou en ligne. S'il y a reprise le 19 avril, les enseignants doivent reprendre ces cours dans leur intégralité. Pour le moment, rien n'est encore perdu. Toutefois, si on dépasse le mois de mai sans que la situation sanitaire ne s'améliore, il faut programmer le bac pour le mois de septembre», déclare-t-il avant de considérer que le passage au collège ou au lycée peut se faire avec la moyenne des deux trimestres. Un avis partagé par Boualem Amoura, président du Satef, pour qui le problème se pose uniquement pour l'examen du baccalauréat. «Pour l'examen du bac, qui a une crédibilité internationale, nous proposons de le reporter pour le mois de septembre mais en assurant aux élèves des révisions durant les matinées du mois d'août, avec présence obligatoire. Et situation exceptionnelle, prendre en considération l'évaluation continue, la moyenne des deux premiers trimestres à hauteur de 20% par exemple», suggère-t-il, avant d'insister sur l'inégalité des chances concrétisée par les cours en ligne. Pour lui, cette solution est inefficace pour dispenser de nouveaux cours. Pour des cours de révision, le problème ne se pose pas, selon ses propos. Pour Djamila Khiar, présidente de la Fédération nationale des associations de parents d'élèves, trancher la question des cours en ligne est prématuré. Cela l'est encore plus pour les examens de fin d'année. «Nous devons attendre jusqu'au 30 avril pour évaluer la situation. Les décisions prises dépendent de la situation sanitaire et de la maîtrise de la propagation du coronavirus. La vie de nos enfants prime sur tout», déclare-t-elle, avant d'annoncer qu'en étroite collaboration avec la tutelle, des propositions de solution sont en cours de préparation. Elles seront, selon elle, dévoilées en temps opportun. Kamel Nouari, activiste dans le secteur de l'éducation, considère qu'il est plus judicieux d'aller vers des solutions radicales. Il rejoint l'avis des syndicalistes Boualem Amoura et Meziane Meriane dans leurs propositions de comptabiliser les moyennes des deux trimestres écoulés, y compris pour les classes de 5e année primaire et 4e année moyenne. Il estime que même dans la situation sanitaire actuelle, il est possible d'organiser l'examen du baccalauréat. Il propose d'utiliser tous les établissements scolaires de sorte à avoir 10 candidats par classe en mettant à leur disposition des solutions hydroalcooliques, des bavettes de protection et des gants. Cela évitera les risques de contamination. Il propose également de rallonger la durée de l'examen sur une dizaine de jours en espaçant les journées d'examen de sorte à permettre aux collectivités locales de désinfecter les lieux. De son côté, le département de Mohamed Ouadjaout a annoncé, hier, le report à une date ultérieure des examens d'évaluation de niveau, pour les élèves enseignés à distance. Il ne donne toutefois aucune réponse aux questionnements des élèves et de leurs parents quant à la tenue ou pas des examens de fin d'année. Il est à rappeler que 17 chaînes éducatives sur YouTube ont effectivement été créées par l'Office national de l'enseignement et de la formation à distance (ONEFD). Des cours y sont mis au quotidien au profit des élèves qui ont accès à internet et dont le débit permet d'assister sans interruption à l'intégralité de la leçon. Pour les classes concernées par les examens de fin d'année, le programme télévisé «Les clés de la réussite» est diffusé sur la chaîne terrestre et la Six. La plateforme de l'ONEFD dispense également des cours de soutien pour ces élèves.