Le transport à Alger est livré à une débandade totale. La multitude d'insuffisances qui « gangrène » cette profession n'est plus à démontrer. Les usagers ne cessent de crier à qui veut les entendre que la situation ne fait qu'empirer et que le « privé » continue de faire « la pluie et le beau temps ». Les mesures des pouvoirs publics pour assainir la situation et réglementer la profession tardent à venir. Le citoyen, dindon de la farce, continue de subir les désagréments d'un transport anarchique, et d'un secteur abandonné. Il vous suffit de faire un tour du côté de l'arrêt des bus de Belcourt sur l'avenue de l'ALN, ou du côté de la Côte (RN 1) à Bir Mourad Raïs, ou encore au centre d'El Biar (lieu où se trouvent le siège du ministère des Transports et la direction du transport de la wilaya d'Alger), pour constater de visu « l'étendue » de cette anarchie... et les interminables désagréments qu'elle cause à la population. L'Etusa, transporteur historique algérois par excellence, essaie, vaille que vaille, de remplir son rôle et d'échapper à cette situation. Dans un rapport établi au mois de février 2003, la direction des transports de la wilaya d'Alger a fait un constat des plus « reluisants » de la situation du secteur des transports dans la capitale. Le projet de réalisation de la première tranche de la ligne est du tramway d'Alger est classé comme projet d'utilité publique par les responsables de la wilaya d'Alger, selon l'arrêté du wali d'Alger n° 543 du 17 juin 2004. Ce projet d'une importance capitale vise, selon ses initiateurs, à « désengorger la circulation routière à l'intérieur des centres urbains de la capitale » et à « faciliter le déplacement des citoyens dans la ville ». La première phase du projet de l'est d'Alger desservira les communes de Hussein Dey, Maqaria (Léveilley), El Harrach, Mohammadia, Bab Ezzouar et enfin Bordj El Kiffan. Sur une longueur de 16,3 km, une trentaine (30) de stations et 5 « pôles échangeurs » seront réalisés. Le départ du tramway « est d'Alger » se fera du carrefour de la rue des Fusillés en traversant la rue Tripoli, puis Caroubier, Mohammadia, le carrefour de Cinq Maisons, le carrefour de la RN 24, la cité des Bananiers, le boulevard de l'université de Bab Ezzouar, la RN 24, le centre-ville de Bordj El Kiffan et enfin le terminus, à la sortie est de cette même ville (Bordj El Kiffan). Ce projet permettra de répondre à une demande potentielle en matière de transport collectif et d'améliorer la qualité de ces services et, par là même, la vie quotidienne des citoyens en offrant un confort par des rames adaptées et une grande capacité pouvant atteindre 150 000 voyageurs par jour. L'inquiétude des riverains « Les biens immobiliers situés à l'intérieur du périmètre du projet feront l'objet d'une dépossession selon la loi 91/11 du 27 avril 1991 et le décret exécutif n°93-186 du 27 juillet 1993 », selon l'article 5 de l'arrêté du wali d'Alger, cité plus haut. L'article 6 indique que l'opération de dépossession, dont le coût est de l'ordre de 4,8 milliards de dinars (article 4), sera réalisée dans un délai n'excédant pas les 4 ans. Quant aux différentes « charges » et « contraintes » du projet ainsi que les remboursements dus à l'opération de dépossession, c'est la direction du projet du tramway qui aura la charge de gérer ce dossier, selon l'article 7 du même arrêté, signé par M. Ouchane, SG de la wilaya, qui sera publié pendant une durée d'un mois au niveau des APC concernées. Destinataires, depuis quelques jours, de l'arrêté du wali d'Alger par le biais d'huissier de justice, des citoyens de la rue Tripoli, à Hussein Dey, sont inquiets. Des « avis de démolition », selon eux, de leur bâti ont été envoyés à plusieurs familles. D'après des appels téléphoniques que nous avons eu tout au long de la matinée d'hier, ces familles n'ont eu droit à aucune information de la part des responsables sur les modalités de remboursement pour les commerçants ou de relogement pour les familles habitant sur le tronçon du projet. « Ils nous ont seulement dit que les opérations de démolition seront entamées d'ici cinq années sauf qu'ici les rumeurs folles font état du lancement des travaux de démolition au mois du Ramadhan prochain, c'est-à-dire dans quelques mois », nous dit un citoyen. Contacté hier, à plusieurs reprises, le responsable de la communication de la wilaya d'Alger, M. Boudina, était injoignable. « Il est sorti », a déclaré sa secrétaire. Même son de cloche du côté d'El Biar où se trouve le siège de la direction des transports de la wilaya d'Alger. « Le responsable du projet du tramway est sorti », nous a déclaré une voix à l'autre bout du téléphone. Quant aux responsables du projet du tramway, ils sont injoignables eux aussi. Dire que le projet commence déjà à faire peur avant même son démarrage. Etrange.