Des commerçants étalant des fardeaux de boissons gazeuses, d'eaux minérales et de jus de fruits sur les trottoirs, sous un soleil de plomb. Quoi de plus familier dans les rues d'Alger ? C'est presque la totalité des commerces, épiceries du coin, supérettes et fast-foods qui n'échappent plus à cette règle que les grandes marques internationales se soucient de respecter. Pourtant, sur chaque bouteille il est clairement indiqué que le stockage du produit doit se faire à l'abri de l'humidité, de la chaleur et des rayons solaires. Les consommateurs semblent ne pas attacher trop d'importance à ce point. « Je me sers du frigo. Je vérifie la date de péremption, mais je ne peux pas savoir où était la bouteille avant d'atterrir dans le frigo », souligne une jeune cliente. Pourtant, les conditions de stockage sont un des paramètres de préservation de la qualité du produit, donc de la santé du consommateur. Un employé du service qualité dans une entreprise de production de boissons gazeuses nous a éclairés sur l'importance des conditions de stockage : « Une bouteille Pet (en plastique) perd son étanchéité après exposition au soleil, ce qui rend le produit vulnérable aux facteurs externes. L'air pénétrant à l'intérieur de la bouteille affecte la qualité du produit. Il y a des boissons dont la couleur change après exposition aux rayons solaires, il y a des moisissures qui se développent après contact avec l'air externe, ceci pour cause de détérioration de l'état de la bouteille, sans oublier les affections dues aux saletés et aux bactéries qui peuvent nuire à la santé du consommateur. » Selon les règles du marché, le producteur est dans l'obligation de surveiller les conditions de stockage. Mais sur le terrain, le constat est tout autre. « Aucun producteur ne nous a saisis, pour nous faire la remarque sur le fait que nous posons des bouteilles à l'extérieur », explique un commerçant installé à la place Meissonnier. Des gérants de caféteria reconnaissent par contre que les producteurs de boissons gazeuses de marques étrangères interdisent la mise de leurs bouteilles dans les frigo des concurrents. Sous-estimation de la situation, ou manque de moyens de contrôle, les producteurs sont donc en partie responsables du sort réservé à leurs produits. Comme mesure pour faciliter l'aboutissement des réclamations des consommateurs, un numéro est indiqué pour chaque producteur. Les producteurs ont les moyens de vérifier si la lacune est intervenue au cours de la production ou durant le stockage. La DCP (Direction du commerce) qui a la prérogative de sévir contre ces pratiques, a procédé à la fermeture administrative, durant le premier trimestre de l'année en cours, de 149 commerces qui ne répondaient pas aux normes d'hygiène exigées. Les commerçants qui étalent leurs marchandises périssables à même les trottoirs étaient particulièrement ciblés par les agents de la DCP. Mais faute de moyens matériels, humains et logistiques au niveau de cette institution, les commerçants récidivent dès l'expiration de la durée de la fermeture. Et c'est sans remords qu'ils se redéploient sur les trottoirs. Avec l'approche du mois de Ramadhan, une aggravation de ce genre de pratiques est attendue. Le laxisme des services de la commission de la santé et d'hygiène des communes et ceux des ministères du Commerce et de la Santé ne peut être que périlleux. Pour les pouvoirs publics, la santé est apparemment reléguée au second plan.