Les bouteilles d'eau minérale et de boissons gazeuses sont en perpétuelle exposition au soleil, à même les façades de boutiques d'alimentation générale et de supérettes, et ce, en dépit du pic de chaleur enregistré ces dernières 48 heures à Alger. C'était le cas aux Anasser, notamment sur l'artère commerçante de Diar El âfia, où il était presque utopique de trouver une bouteille d'eau minérale fraîche pour se désaltérer. C'est à croire que la corporation des épiciers s'est donné le mot pour rétorquer à la demande des consommateurs : « Makache el bared (pas d'eau fraîche). » Les propriétaires des fast-foods, exactement dans le style « achrab ouahrab », se sont mis également de la partie, au prétexte insidieux que l'exigence des consommateurs a dépassé de loin les stocks mis au frais dans les armoires réfrigérées. La tromperie coule de source puisque l'on était aux premières heures de la matinée et la plupart des équipements de la chaîne de froid fonctionnaient au ralenti. L'entourloupette commerciale, additionnée à des économies... d'épiciers, est aussi plate que l'eau de robinet, laquelle se fait rare en ce moment. Il est pourtant clair que les bénéfices accumulés dans la liquidation des petites fioles de boissons gazeuses et des berlingots de jus de fruits à peine enveloppés dans un voile de fraîcheur sont beaucoup plus profitables comparés aux coûts de l'eau minérale. Des contrôles sont dès lors opportuns pour canaliser les pulsions de certains commerçants, qui ne se préoccupent en fin de compte que du gain engendré, ce qui n'honore guère la profession.